Mélenchon, en « tortue sagace », peut-il sauver la liste LFI de Manon Aubry ?
POLITIQUE – La fable insoumise. Spécialiste des remontées irrésistibles dans l’angle mort des sondages, Jean-Luc Mélenchon continue de s’impliquer crescendo dans la campagne de Manon Aubry à désormais deux semaines des élections européennes. Il l’accompagne ce samedi 24 mai en meeting à Aubervilliers, avant plusieurs autres rendez-vous à Lyon ou à Toulouse. Le retour de la « tortue électorale sagace » ?
Souvenez-vous, au printemps 2022. Après un début de campagne délicat et des enquêtes d’opinions en berne, Jean-Luc Mélenchon avait déjoué les pronostics pour sa troisième campagne présidentielle en venant échouer à quelques marches de Marine Le Pen et de la qualification pour le second tour. Une performance que les cadres insoumis espèrent bien rééditer deux ans plus tard.
« Le cap, l’objectif, c’est d’être deuxième », martelait la tête de liste Manon Aubry lors d’une réunion avec des journalistes cette semaine, à contretemps des sondages délicats pour son camp. Avec 7,5 % d’intentions de vote, elle reste pour l’instant loin derrière le duo Glucksmann – Hayer et à des années-lumière du Rassemblement national de Jordan Bardella.
LFI veut croire au vote caché de la jeunesse
Qu’importe. Les insoumis veulent y croire. « On est désormais dans un moment de bascule de cette campagne, c’est le moment où elle va vraiment démarrer », explique encore Manon Aubry à la presse, à l’orée de la fameuse ligne droite des deux dernières semaines. Là où se cristallise le choix des électeurs, comme l’espèrent tous les candidats à la traîne.
« On considère qu’on est dans le match », insiste Manuel Bompard. Comme pour se donner de l’espoir, le coordinateur du mouvement compte effectivement sur une différence de « cinq points » entre « les sondages et le résultat réel. » Quitte à s’appuyer sur l’épopée de l’écologiste Yannick Jadot aux européennes de 2019, ce « candidat annoncé à 6 ou 7 % » qui « a fini à 13. »
Alors, pour grappiller ces précieux points, et opérer une nouvelle remontada, la formation de gauche radicale continue de mettre le cap sur les abstentionnistes en visant la jeunesse et les quartiers populaires. « Pour faire de bons scores, on a besoin des jeunes, des milieux populaires et des Outre-mer », résume sans ambages le directeur de campagne Matthias Tavel au HuffPost, avant d’ajouter : « On sait que sans eux, notre résultat ne sera pas excellent. »
L’heure est donc à la mobilisation. En plus des réunions publiques de Jean-Luc Mélenchon, Manon Aubry et Rima Hassan à Aubervilliers ce samedi, dans les quartiers nord de Marseille jeudi dernier ou à Toulouse le 1er juin, c’est pour nourrir cette même stratégie que le député Louis Boyard va faire sillonner son « manifestival » dans cinq villes étudiantes au cours des deux dernières semaines de campagne. La montagne est haute. Selon la dernière étude Ifop consacrée aux jeunes, 7 sur 10 ont l’intention de s’abstenir le 9 juin. Et parmi ces 18-25 ans interrogés, Jordan Bardella est de loin le mieux placé, avec 32 % d’intentions de vote.
Le temps presse
De son côté, le leader des insoumis entend prendre toute sa part. Lui, le candidat plébiscité par les jeunes à la dernière présidentielle. Plus franchement « en retrait », comme il le claironne depuis qu’il n’a plus de mandat. Jean-Luc Mélenchon est « le premier des affluents », se réjouit Matthias Tavel, « il y a des gens qui se repèrent à lui, même s’il est dans une démarche collective. » Avec quel effet, au soir du scrutin ?
Derrière cet optimisme, force est de constater que plusieurs données sont susceptibles de gâcher les ambitions des insoumis derrière leur « tortue sagace. » Notons tout d’abord que le temps vient à presser pour enclencher une dynamique positive si l’on regarde les scrutins précédents. Il y a deux ans, la courbe de Jean-Luc Mélenchon avait commencé à frémir plusieurs mois avant la présidentielle, avant de grimper en flèche dans les dernières semaines de la campagne.
Même chose – en d’autres temps – pour la surprise Yannick Jadot aux précédentes européennes, lequel bénéficiait déjà de sondages à deux chiffres deux semaines avant le scrutin. Or, pour l’instant, la courbe de l’insoumise Manon Aubry est celle d’un encéphalogramme plat depuis son entrée en piste.
Dans ce contexte, la candidate pourra qui plus est difficilement bénéficier du « vote utile » qui a porté Jean-Luc Mélenchon en 2022 et, dans une moindre mesure, Yannick Jadot en 2019. Il y a deux ans, le leader des insoumis dominait nettement la gauche et a pu aspirer les électeurs qui destinaient plutôt leurs voix aux écologistes et au parti socialistes. Une position occupée par Raphaël Glucksmann, et ses 14 %, pour le scrutin qui nous occupe. En somme, et c’est toute la difficulté pour Manon Aubry et sa liste : les élections européennes sont traditionnellement défavorables à la formation mélenchoniste. Que la tortue s’agace, ou non.
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