Politique

On vous résume les enjeux de chaque candidat aux européennes avant la dernière semaine

POLITIQUE – Les derniers mètres du marathon. Après des mois de campagne, de meetings en débats, la course des élections européennes touche à sa fin. Les différentes têtes de liste vont multiplier les efforts pour convaincre leur électorat et les derniers indécis de se rendre aux urnes dans six jours, le 9 juin.

Pour quels enjeux ? Les rapports de force se sont affinés au fil des semaines et les sondages donnent une photographie assez claire avant cette dernière ligne droite : derrière un candidat qui s’est largement échappé, deux concurrents se disputent la deuxième place et tout un peloton semble à la peine.

Pour y voir plus clair, Le HuffPost vous résume la situation des principaux concurrents et leurs objectifs pour ce sprint final. À vos marques, prêt, partez.

Bardella : Rester au-dessus des 30 %

Jordan Bardella s’est échappé. Le candidat du Rassemblement national domine outrageusement les sondages depuis qu’il s’est lancé (tôt) dans la campagne. Il est aujourd’hui crédité de 33 % d’intentions de vote, selon notre compilateur. L’enjeu pour le chef de file du parti d’extrême droite est donc de rester au-dessus de la barre des 30 %, un score jamais vu pour le RN dans une élection nationale – hors second tour.

Pour l’instant, rien ne semble venir troubler la marche de celui qui veut « infliger une défaite historique » à Emmanuel Macron : les attaques de ses adversaires sont tombées dans le vide, et les polémiques, revirements ou hésitations n’ont eu aucun effet. Pour autant, le parti lepéniste est habitué à une sorte de déperdition des voix avant le scrutin. Charge au président-tête de liste de l’éviter cette fois-ci.

Hayer : Sauver les meubles

Loin derrière, les choses ne se sont pas passées comme prévu pour Valérie Hayer. La candidate du camp présidentiel a souffert d’une lente érosion dans les sondages depuis son entrée en lice et stagne aujourd’hui autour des 16 %. Signe de ces difficultés, l’eurodéputée, inconnue du grand public il y a encore cinq mois, ne convainc pour l’instant que 50 % des électeurs d’Emmanuel Macron à la présidentielle 2022, selon OpinionWay.

La victoire paraît donc inatteignable à moins d’une semaine du scrutin. Pour les macronistes l’enjeu est en revanche de sauver les meubles pour ne pas trop s’affaiblir au Parlement européen et ne pas compliquer encore davantage la fin de mandat du président de la République. Pour cela, il faut impérativement que Valérie Hayer reste deuxième, le plus loin possible de son concurrent inattendu, Raphaël Glucksmann, et si possible proche des 20 %.

Glucksmann : Devenir dauphin

Car le candidat des socialistes est en embuscade. Pour l’instant, l’eurodéputé, fondateur du petit parti Place Publique, domine la course interne à gauche. Il a bénéficié d’une dynamique durable qui le place à quelques marches de la candidate du camp macroniste (14 %), dans ce que les sondeurs appellent « la marge d’erreur ».

De fait, l’état-major du PS lorgne depuis plusieurs semaines une deuxième place qui donnerait un élan indéniable à la « social-démocratie rénovée » que prône Raphaël Glucksmann, sorte de nouvelle voie à gauche plus modérée que les insoumis et les écologistes pour 2027. Mais le croisement des courbes, tant espéré, se fait encore attendre : aucun sondeur n’a pour l’instant donné le candidat devant Valérie Hayer, et l’écart semble se stabiliser. Reste donc à savoir si le phénomène de vote utile permettra à l’eurodéputé de grimper sur la deuxième marche du podium, performance impensable il y a encore quelques mois. Ou si le soufflé va finir par retomber.

Aubry : Rejouer la tortue sagace

Derrière ce duel, les autres principales têtes de liste sont en difficulté. Parmi elles, Manon Aubry. L’eurodéputée, cheffe de file des insoumis pour ce scrutin, peine à enclencher une dynamique autour de sa liste et stagne toujours autour des 7 %. Qu’importe. Du côté de la France insoumise, on vise officiellement un score à deux chiffres, pourquoi pas autour des 12 %, grâce à la mobilisation de dernière minute de la jeunesse abstentionniste.

Un pari forcément difficile pour la formation de Jean-Luc Mélenchon, habituée aux remontadas de la « tortue sagace » à l’élection présidentielle, mais régulièrement boudée aux scrutins intermédiaires.

Toussaint : Sauver son camp

Toujours à gauche, la tâche est encore plus ardue pour Marie Toussaint. La cheffe de file des écologistes traverse une campagne cauchemardesque, où les thèmes environnementaux et climatiques n’émergent pas. Loin du score réalisé par Yannick Jadot en 2019 (13,5 %), sa liste est créditée d’environ 6 % d’intentions de vote dans les sondages.

L’enjeu est donc simple pour l’eurodéputée : s’éloigner le plus possible de la barre fatidique des 5 %, ce seuil en dessous duquel un parti n’envoie aucun élu au Parlement européen. Une sentence qui serait désastreuse pour une formation qui a toujours revendiqué -jusque dans son nom- son ambition européenne. Pour cela, Marie Toussaint va devoir convaincre des électeurs écologistes aujourd’hui séduits par Raphaël Glucksmann de revenir au bercail.

Bellamy : Rester au niveau de 2019

À droite, la situation n’est guère plus glorieuse pour François-Xavier Bellamy. Malgré une campagne offensive marquée par quelques « coups », le candidat des Républicains reste scotché autour des 7,5 %. Son coup de gueule remarqué sur France 2 contre la confiscation du débat par la macronie et le Rassemblement national n’a, par exemple, pas fait bouger sa courbe d’un iota.

En réalité, l’eurodéputé ne parvient pas à se sortir de l’étau qui malmène son camp depuis des années, entre l’extrême droite incarnée par le Rassemblement national ou Reconquête et la droite libérale du camp présidentiel. Pour autant, le parti d’Éric Ciotti, toujours traumatisé par le score de Valérie Pécresse à la présidentielle, sous la barre des 5 %, se satisferait sans mal du score donné aujourd’hui par les sondages. Charge à François-Xavier Bellamy de l’améliorer un peu pour se rapprocher de ses 8,5 % réalisés en 2019.

Maréchal : Exister face au RN

Dans ce même peloton, Marion Maréchal est elle aussi à la peine. La candidate de Reconquête n’a pour l’instant pas réussi à émerger dans le débat et son score mesuré à l’instant T par les sondeurs semble compressé par la dynamique de Jordan Bardella. Le président-tête de liste du Rassemblement national ne se prive pas d’ailleurs d’appeler sans cesse au « vote utile » en sa faveur, pour mieux assécher le parti d’Éric Zemmour.

Avec 6 % d’intentions de vote selon les sondages, la chantre du « grand remplacement » n’est pas certaine de faire élire des représentants à Bruxelles et à Strasbourg. Ce qui hypothéquerait l’avenir de la formation d’extrême droite, après les échecs de la présidentielle et des législatives 2022. L’objectif est donc d’exister.

Deffontaines : Atteindre le remboursement

Léon Deffontaines lui ne déroge pas à la règle des communistes : élections après élections, les campagnes des candidats du PCF sont saluées. Ce qui ne les empêche pas de réaliser des scores très faibles. Ian Brossat aux européennes de 2019 et Fabien Roussel à la présidentielle 2022 en savent quelque chose.

Pour ce scrutin encore, les 5 % semblent difficiles à atteindre. En réalité, pour la jeune tête de liste des rouges, créditée de 2 % d’intentions de vote, au plus, l’objectif est plutôt d’atteindre les 3 %, ce cap qui permet le remboursement des frais engagés.

Les petites listes : créer la surprise

Enfin, au-delà de ces formations représentées au Parlement, ou qui peuvent espérer envoyer des élus à Bruxelles et Strasbourg, 30 autres listes sont candidates. Parmi elles, certaines sont plus connues que d’autres du grand public. On peut citer par exemple la liste de l’eurodéputé sortant Pierre Larrouturou Changer l’Europe, celle de l’écologie au centre, menée par Jean-Marc Governatori, de l’Alliance rurale avec Jean Lassalle ou celle du Parti animaliste qui essaiera, comme depuis plusieurs années, de créer la surprise dans les urnes.

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