Démission ou exclusion, ces ténors LR ne veulent plus de Ciotti
POLITIQUE – Seul contre tous. Après avoir provoqué un nouveau séisme politique en affirmant que la droite a désormais « besoin d’une alliance » avec le Rassemblement national pour les législatives du 30 juin, deux jours après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le président des Républicains Éric Ciotti se retrouve dans le collimateur d’une immense partie de sa famille politique. Pour preuve, les ténors LR l’appellent désormais à démissionner de la tête du parti.
Après s’être entretenu avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, le chef de LR a approuvé une entente inédite entre la droite et l’extrême droite française ce mardi 11 juin. Un franchissement de ligne rouge dénoncé avec force par Gérard Larcher. Le président LR du Sénat a immédiatement demandé à Éric Ciotti de présenter sa démission, estimant qu’il « ne peut plus présider » le parti de la droite après ses déclarations au 13 heures de TF1.
La réaction est la même du côté du chef des sénateurs LR Bruno Retailleau, qui a défendu l’image de son parti en affirmant qu’Éric Ciotti ne prônait rien d’autre qu’« une ligne personnelle ». Raison pour laquelle Bruno Retailleau et Gérard Larcher, comme le patron des députés LR Olivier Marleix, estiment qu’Éric Ciotti doit quitter la présidence des Républicains.
« J’ai eu Éric Ciotti au téléphone à plusieurs reprises lundi et je l’ai même rencontré, il ne m’a rien dit (de ses intentions). Un parti politique, ce n’est pas seulement une personne », a encore fustigé Bruno Retailleau après une réunion de groupe au Sénat.
« De la collaboration »
En prenant de court les cadres de son parti qui lui demandait une « clarification » sur son possible rapprochement avec l’extrême droite Éric Ciotti fait dont la quasi-unanimité contre lui ce mardi.
Vice-présidente Les Républicains, Florence Portelli n’a pas maché ses mots sur franceinfo en estimant que démission ou non, Éric Ciotti « s’exclut de fait » par sa décision. La maire de Taverny ajoute que si son chef de file « n’a pas la décence, ce qui n’a pas l’air d’être sa vertu première, de partir, nous le ferons partir ».
Prête à « éplucher les statuts » du parti pour « virer » Éric Ciotti, Florence Portelli ajoute que cette main tendue à l’extrême droite ressemble à une tentative de sauvetage de sa circonscription niçoise. Ce qu’elle qualifie au passage de « collaboration », dans une référence à peine voilée aux plus sombres heures de la France.
Plus mesuré, le Secrétaire général adjoint des Républicains, Pierre-Henri Dumont refuse, lui, que sa formation politique soit celle de la « compromission ». Et demande lui aussi sur X la démission de son président. De son côté, le maire de Meaux Jean-François Copé s’est montré encore plus direct en appelant sur X à la démission d’Éric Ciotti pour son « inacceptable éloge de l’extrême droite », « contraire à toutes les valeurs » du parti.
Pas de démission envisagée
Devant une foule de journalistes réunis devant le siège parisien de la droite ce mardi, Éric Ciotti a profité des micros tendus pour écarter l’idée d’une démission : « Je suis président et je reste président des Républicains ». « Mon mandat, je le tiens des militants, et seuls les militants pourraient me l’enlever. Je le dis très clairement et je ne céderai pas à ce genre de décision ou de propos », a-t-il martelé, malgré la gronde dans ses rangs.
Soucieux de « préserver » la représentation de son parti à l’Assemblée nationale, alors que LR ne compte que 61 députés, Éric Ciotti a été logiquement soutenu dans sa démarche par Marine Le Pen, qui a salué un « choix courageux », espérant qu’un « nombre conséquent de cadres LR le suivent ». Une proposition qui a également ravi Jordan Bardella.
À cette heure, peu de voix s’élèvent pour soutenir le président des Républicains. Pas même en provenance de celui qu’il soutenait pour porter une éventuelle candidature de la droite à la prochaine présidentielle, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez. Alors qu’il officialisait sa candidature aux législatives en Haute-Loire, ce dernier a balayé l’idée d’un rapprochement avec le parti de Marine Le Pen, refusant un « saut dans l’inconnu du RN ».
Le coup de tonnerre d’Éric Ciotti a déjà provoqué le départ de deux influents sénateurs LR, la vice-présidente Sophie Primas et le rapporteur général du Budget Jean-François Husson. « Une alliance avec le RN aux législatives, c’est bien sûr sans moi ! », a écrit sur X Jean-François Husson, quand sa collègue a expliqué prendre cette décision « à contrecœur » sur le même réseau social.
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