Le coup de maître de Hollande pour braquer sa circo et faire un retour spectaculaire
POLITIQUE – L’éléphant dans un jeu de quilles. François Hollande est candidat aux élections législatives pour le Parti socialiste et sous la bannière du nouveau Front populaire dans la 1ère circonscription de Corrèze, département dont il a déjà été le député entre 1988 et 1993, puis 1997 et 2012.
C’est l’ancien président de la République qui l’a annoncé lui-même à une journaliste du quotidien La Montagne ce samedi 15 juin sur un marché matinal, avant de confirmer sa démarche lors d’une conférence de presse à Tulle en milieu d’après-midi. Il affirme vouloir prendre part au combat et contribuer à « ouvrir un chemin d’espérance. »
« C’est une décision assez inédite qu’un ancien président puisse redevenir député. La situation est plus grave qu’elle ne l’a jamais été, jamais l’extrême droite n’a été aussi proche du pouvoir », a-t-il expliqué. Derrière ce choix « réfléchi » apparaît aussi le coup politique spectaculaire d’un ancien chef de l’État qui n’avait jamais renoncé aux premiers rôles depuis sa sortie de l’Élysée.
Pas le choix initial de la direction du PS
De fait, Hollande n’était pas le choix de la direction du Parti socialiste, avec laquelle il entretient des relations fraîches, sinon glaciales. Après avoir récupéré la circonscription lors des négociations du nouveau Front populaire avec les partenaires de la gauche, le PS a investi Bernard Combes. Mais l’actuel maire de Tulle, par ailleurs ami de l’ancien président, ne s’est pas déclaré formellement candidat.
L’annonce de l’ex-locataire de l’Élysée ce samedi matin a donc fait l’effet d’une petite bombe politique. Du côté de la presse sur place, comme l’explique la journaliste Estelle Bardelot qui « pensait voir le maire de Tulle » sur le marché, mais qui « a croisé François Hollande. » En Corrèze, « la désignation du candidat sur la première circonscription tardait à venir alors que celle sur la deuxième est arrivée vendredi matin », a-t-elle expliqué sur BFMTV, à la mi-journée, après avoir recueilli « la confidence » de l’ancien chef de l’État.
Mais également au siège des socialistes. « Non, ça n’était pas prévu », nous a répondu, laconique, un cadre du parti en fin de matinée, avant de reprendre les premiers éléments envoyés à la presse : à savoir, le candidat choisit par la commission d’investiture est bien Bernard Combes. Jamais le retour de l’ancien chef de l’État n’a été une option pour l’état-major des roses.
Dans la foulée, la fédération locale du PS maintient son choix et confirme François Hollande comme candidat à travers un court communiqué. Il « a pu demander à Bernard Combes de lui laisser la place, commente un cadre socialiste à l’AFP. Un ancien président, on ne peut pas lui refuser l’investiture ». L’ex- président de la République affirme, lui, qu’on lui a demandé de reprendre le flambeau.
Une « surprise » admissible
Qu’importe. Dans ces conditions, difficile pour les dirigeants du parti à la rose d’aller contre la déclaration de l’ancien locataire du Château, lequel a adoubé le nouveau Front populaire sur TF1 quelques jours plus tôt. Qui plus est à quelques encablures de l’heure limite de dépôt des candidatures en préfecture.
Manifestement pris de court, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure confirme en début d’après-midi en marge de la manifestation parisienne contre l’extrême droite qu’il n’était « pas au courant » de la démarche de l’ancien président. Mais il « prend acte », et « indique que toutes celles et ceux qui adhèrent au nouveau projet [du Front populaire] sont les bienvenus ». Y compris l’ancien président au bilan contesté.
Décryptage de la séquence offert par Laurent Joffrin, journaliste proche de François Hollande, sur BFMTV : « Si Olivier Faure avait été au courant, il aurait dit non. Il est furieux parce qu’il s’est fait rouler. » Tant et si bien qu’au siège du Parti socialiste, on fait amende honorable, malgré la simili-fronde de la fédération locale et le retour d’un électron libre qui n’a jamais retenu ses coups contre la direction actuelle.
Une source reconnaît volontiers une « surprise » admissible « dans le contexte » et parce qu’elle « concerne un ancien président de la République ». Et d’ajouter : « François Hollande, candidat du nouveau Front populaire, c’est bien la preuve que ce n’est pas la Nupes 2.0. » À quelques roses malheur est bon. Surtout quand elle s’impose.
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