Pour célébrer l’appel du 18 juin, Macron se rend sur une île à haute valeur symbolique
18 JUIN 1940 – C’est un rituel immuable. Comme chaque année le 18 juin, le chef de l’État préside la cérémonie nationale commémorant l’appel historique à la résistance du général de Gaulle, en 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Malgré le contexte particulier de cette année, à un peu plus d’une dizaine de jours des élections législatives qui devraient redessiner le visage politique français, l’Élysée a maintenu le rendez-vous matinal mémoriel au Mont Valérien à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine. Et a même ajouté en fin d’après-midi une seconde cérémonie, à plus de 500 kilomètres à vol d’oiseau.
Pour la première fois, le président de la République se rendra en effet sur l’île de Sein, au large de la pointe du Raz en Bretagne, pour un temps commémoratif face au monument des Forces françaises libres (FFL), le nom donné aux forces armées ralliées à la France libre sous l’égide du général de Gaulle. L’Île de Sein fait partie des cinq communes ayant acquis le titre de compagnon de la Libération avec Paris, Nantes, Grenoble et Vassieux-en-Vercors.
Selon l’Élysée, Emmanuel Macron souhaitait depuis longtemps participer à cette cérémonie, qui se tient déjà chaque année sur l’île bretonne. Cela n’avait pu encore se concrétiser à cause de divers obstacles jusque-là (agenda présidentiel chargé, Covid…). Dans un brief en amont de la cérémonie, l’Élysée insiste d’ailleurs sur le fait que cet ajout mémoriel à la journée du 18 juin a été décidé bien avant les événements politiques actuels, et qu’il ne faut pas y voir là un quelconque message ou dresser un parallèle avec un appel à la résistance face à l’extrême droite – qui n’a pourtant jamais semblé aussi proche du pouvoir.
La visite houleuse de Marine Le Pen en 2020
Comme l’explique l’Élysée, en 1940, parmi les 1 400 habitants de l’île alors recensés, 128 d’entre eux – âgés de 14 à 54 ans – ont rallié le général de Gaulle en Angleterre après avoir entendu son appel à la radio. Il s’agit de pêcheurs qui feront le voyage jusqu’à Plymouth avec leurs barques, refusant de vivre aux ordres des Allemands. Dans ces jours de juin 1940, après que 450 résistants français au total ont rejoint le général outre-Manche, celui-ci aura cette phrase restée célèbre : « L’Île de Sein, c’est donc le quart de la France ».
Pour ceux qui sont restés sur l’île, essentiellement des femmes et des enfants, les conditions de vie seront très difficiles, avec des cas de malnutrition, et l’obligation d’aller se faire enregistrer sur le continent auprès de l’occupant allemand. Le général de Gaulle n’oubliera pas l’île après la guerre. Très reconnaissant de l’adhésion des pêcheurs locaux aux FFL – « des garçons qui n’avaient rien à perdre » -, il s’y rendra dès 1946 afin de la nommer dans l’Ordre de la Libération.
Ce mardi 18 juin, la cérémonie présidée par Emmanuel Macron sera extrêmement simple d’après l’Élysée, avec un dépôt de gerbe de fleurs et la tenue d’un discours. Elle prendra aussi une dimension culturelle locale avec un chant traditionnel, le « Libérat », extrait d’un cantique qui invite à se libérer du mal.
Ce n’est toutefois pas la première fois qu’une personnalité politique de premier plan se rend sur l’île pour commémorer les résistants locaux. En juin 2020, Marine Le Pen s’y était déplacée pour une visite particulièrement houleuse. La cérémonie officielle rendant hommage aux 80 ans de l’appel du général de Gaulle avait en effet été décalée pour que la cheffe du Rassemblement national n’y assiste pas.
Résultat, elle avait pris tout le monde de court en débarquant sur l’île la veille du 18 juin, délivrant un discours à côté du monument des FFL, et ne restant en tout et pour tout qu’un peu moins de deux heures sur place, sous les huées des habitants. Marine Le Pen reprochera ensuite au préfet du Finistère de l’avoir empêchée d’assister à l’hommage, et envisagera « une action en justice » contre le représentant de l’État, dénonçant « une grave dérive constitutionnelle » et « un abus de pouvoir ».
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