Détourné par les influenceurs, ce médicament qui donne des formes voit sa vente limitée
SANTÉ – Un détournement d’usage dangereux. Ce n’est pas pour ses propriétés antiallergiques que les influenceurs ont adopté la Periactine, mais pour une raison toute autre… prendre des formes. Un usage qui n’est pas sans risque, ce qui a poussé l’Agence nationale de sécurité médicament (ANSM) à interdire la vente libre de ce comprimé, comme elle l’a annoncé ce jeudi 27 juin.
La mesure prendra effet le 10 juillet prochain, date à partir de laquelle « tout médicament contenant de la cyproheptadine ne pourra être dispensé que sur prescription médicale », détaille le communiqué de l’Agence.
Vendue par le laboratoire Teofarma sous le nom de Periactine, la molécule cyproheptadine augmente l’appétit et favorise la prise de poids, même si c’est à l’origine un antiallergique. Son usage est ainsi de plus en plus détourné, souvent par des jeunes femmes qui cherchent à atteindre des standards de beautés incarnés, par exemple, par la silhouette de la star de téléréalité Kim Kardashian.
Or, la Periactine peut causer une série d’effets secondaires, parfois graves, si elle est prise de façon incontrôlée. En décembre 2023, une adolescente de 13 ans avait ingéré une grande quantité de cyproheptadine pour « faire gonfler ses formes », rappelle Le Parisien, et avait souffert de graves palpitations cardiaques en conséquence.
Un médicament populaire sur TikTok
L’ANSM appelait à la vigilance avant même cet incident, et avait mis en place dès 2022 des mesures de sensibilisation pour alerter sur les dangereuses injonctions circulant sur les réseaux sociaux.
Car les influenceurs faisant la promotion de cette molécule sont au cœur du problème. Sur TikTok, des jeunes femmes vantent les effets du produit en montrant leurs formes, parfois même avec des photos d’elles-mêmes avant et après la prise de médicament. « Merci Periactine ! » écrit l’une d’elles, qui aurait pris « 9 kg en seulement un mois ». D’autres se targuent d’avoir grossi « sans faire de sport » grâce au médicament.
L’ANSM a donc pris sa décision « sur la base de ce qu’on voit sur les réseaux sociaux, où il y a toujours une promotion importante de l’usage cosmétique » de ce traitement, a expliqué à l’AFP Isabelle Yoldjian, directrice médicale à l’agence.
Difficile toutefois de se faire une idée de l’ampleur réelle de l’usage détourné de Periactine car, au-delà des pharmacies, ce traitement est largement vendu en ligne, de manière difficilement contrôlable. « On ne peut pas avoir une estimation chiffrée du mésusage », admet Isabelle Yoldjian, qui estime que les quelques cas d’effets indésirables recensés ces dernières années sont probablement bien en deçà de la réalité.
Si la mesure prise par l’ANSM aura un effet en pharmacie, il est ainsi difficile d’évaluer à quel point elle pourra agir sur les ventes en ligne. « Nous ne sommes pas la police de l’internet », reconnaît d’ailleurs la directrice médicale de l’agence, qui juge toutefois que les actions entreprises par l’ANSM ont d’ores et déjà contribué à une meilleure prise de conscience des risques.
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