La Une de ce quotidien italien frappe fort après les législatives en France
MÉDIAS – La presse italienne n’est pas tendre avec la France. Après avoir pris connaissance des résultats du premier tour des élections législatives françaises, les médias étrangers disent leur inquiétude de voir l’extrême droite aux portes du pouvoir. À commencer par le journal communiste italien il manifesto.
Le quotidien fondé en 1969 frappe fort, ce mardi 2 juillet, pour commenter ce séisme électoral français. Avec seulement trois mots qui renvoient la France à son histoire passée. « Veni Vidi Vichy », affiche habilement le journal à sa Une.
Un titre qui cache évidemment une double référence. La première convoque la célèbre expression latine de l’empereur Jules César (« Veni, vidi, vici », soit « Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu »). La seconde fait incontestablement référence au régime de Vichy, instauré par les autorités françaises pour assurer la gouvernance du pays lorsque celui-ci était passé sous occupation nazie durant la Seconde Guerre mondiale.
Avec la silhouette de profil d’Emmanuel Macron, le message de cette Une est sans équivoque sur les conséquences politiques pour le président français après avoir acté la dissolution le 9 juin. « En gouvernant, il a ouvert la porte à la droite. En convoquant des élections anticipées, il l’a grande ouverte. Et maintenant, Macron reste vague sur le désistement de ses candidats face au Nouveau Front populaire. La gauche avec ses candidats fait “barrage”, mais le second tour peut ramener la France à son sombre passé », écrit le journal en introduction de son article.
Et si le reste de son contenu semble vouloir poser un regard relativement neutre sur les enjeux du second tour, d’autres articles de il manifesto dressent un constat alarmant sur la situation dans l’Hexagone. « Il y a beaucoup d’inconnues, les prédictions sont totalement risquées », avertit son auteur, qui souligne également l’importance du rapprochement entre Éric Ciotti, « gaulliste », et le Rassemblement national de Marine Le Pen.
« Que nous dit ce triste personnage ? Le fait pur et simple que la bourgeoisie française (et une grande partie de la bourgeoisie européenne) n’a plus peur des formes contemporaines de fascisme », ajoute-t-il sur les enseignements à tirer de l’alliance entre le patron de LR et l’extrême droite française.
L’Italie légitime de s’inquiéter
En France, cette Une a été accueillie avec gravité mais aussi saluée par certains, qui estiment qu’elle a su saisir le pouls de ce scrutin, comme en attestent les nombreuses réactions partagées en ligne ces dernières heures.
« Le meilleur titre depuis 48 heures », peut-on notamment lire sur X (anciennement Twitter), où de nombreux commentaires rappellent que la presse italienne a de très bonnes raisons de s’inquiéter pour la France. Du fait de l’arrivée au pouvoir en 2022 de Giorgia Meloni, elle-même à la tête d’un parti d’extrême droite, né sur les cendres du fascisme.
Sur les réseaux sociaux, d’autres lecteurs ou observateurs de la presse étrangère soulignent la présence d’une autre Une marquante, toujours en Italie.
Il s’agit de celle du quotidien milanais Il Foglio, pourtant conservateur et marqué à droite. Le 1er juillet, le journal a choisi de titrer sur le président du RN et candidat autoproclamé au poste de Premier ministre en cas de majorité absolue dimanche soir, Jordan Bardella. « Le diable s’habille en Bardella », propose ainsi Il Foglio.
Avec le résultat sorti des urnes dimanche, la presse italienne − mais pas seulement − observe de très près l’issue du scrutin du 7 juillet, lors duquel l’Assemblée nationale pourrait basculer à l’extrême droite et permettre au RN d’obtenir le nombre de sièges suffisants pour gouverner le pays. Nul doute que cette deuxième soirée électorale offrira une nouvelle occasion à la presse étrangère d’en tirer des conséquences pour l’avenir.
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