Politique

À quel prix Macron peut-il vraiment garder la main après les législatives ?

POLITIQUE – Le maître des horloges cassées. Emmanuel Macron se mure dans le silence depuis les résultats du second tour des élections législatives. Après avoir envisagé, un temps, de prendre la parole rapidement après 20 heures, le chef de l’État rechigne désormais à entériner la nouvelle donne politique née de sa dissolution à hauts risques.

De fait, le locataire de l’Élysée n’a toujours pas reconnu la défaite de son camp, amputé d’une soixante d’élus par rapport à 2022. Il a même refusé la démission de Gabriel Attal, lundi matin, pendant que son entourage tentait d’expliquer cet attentisme par la volonté de voir la situation se décanter, avant toute chose.

Une façon de jouer la montre qui inquiète le Nouveau Front populaire et ses élus, soucieux de ne pas se faire chiper une victoire, certes étriquée mais acquise de haute lutte. Au point de mettre en garde solennellement le chef de l’État, ce mardi soir, contre « toute tentative de détournement des institutions ». Le Nouveau Front populaire juge que si Emmanuel Macron « persistait », ce serait « une trahison de l’esprit de notre Constitution et un coup de force démocratique ».

Mais une voie de passage existe-t-elle seulement pour permettre à la Macronie de garder la main ?

Quelle coalition pour Macron ?

Depuis dimanche soir, les calculettes surchauffent dans le bloc centriste et autour du locataire de l’Élysée. La coalition Renaissance, MoDem et Horizons se cherche de nouveaux alliés pour venir gonfler ses rangs et coiffer la gauche unie au poteau.

Sur un plan arithmétique, les troupes d’Emmanuel Macron seront environ 168 dans la nouvelle Assemblée. Il leur faut donc convaincre plus de 100 élus pour obtenir une majorité absolue, ou une vingtaine pour passer devant le Nouveau Front populaire et donc conserver le pouvoir (en partie.)

Pour cette mission impossible, deux plans sont à l’étude. Le premier : se tourner vers la gauche modérée, marginaliser la France insoumise, fracturer le Nouveau Front populaire, et, in fine, reprendre la main avec les écologistes, communistes ou socialistes, qui accepteraient de gouverner avec son camp. Deuxième hypothèse : frayer avec Les Républicains en intégrant leur futur groupe (ou quelques ouailles) à leur famille politique, sous la coupe, notamment, d’un Gérald Darmanin à la manœuvre.

La macronie, comme un élastique

Mais pour l’instant, rien n’indique que le président va obtenir en coulisse ce qu’il a perdu dans les urnes. D’un côté, com.me de l’autre. La gauche continue effectivement de discuter pour désigner un Premier ministre et un gouvernement commun, tandis que Les Républicains de Laurent Wauquiez – rétifs à tout projet d’entente depuis 2022 – se disent particulièrement attachés à leur indépendance.

Et quand bien même. Chaque bougé dans un sens ou dans l’autre risque de créer une vague de remous au sein même de la famille politique d’Emmanuel Macron, laquelle voit se réactiver la fracture gauche-droite à l’occasion de ce chambardement politique. C’est la théorie de l’élastique : plus on tire d’un côté, plus on augmente les risques qu’il se casse de l’autre.

Concrètement, les responsables macronistes venus de la droite, ou identifiés comme tels, auront bien dû mal à accepter une coalition avec la gauche, même modérée. Après avoir dressé un cordon sanitaire avec la France insoumise, certains sont tentés d’intégrer les écologistes au panel des forces infréquentables. Maud Bregeon, la députée des Hauts-de-Seine, par exemple, a déjà indiqué qu’elle refusait de pactiser avec des forces antinucléaire ou anti-police, désignant les partis de Marine Tondelier et Manuel Bompard. Même chose pour Benjamin Haddad, un autre élu proche de Gérald Darmanin.

Le re-re-retour de l’aile gauche

De la même manière, l’aile « sociale-démocrate » du camp présidentiel – échaudée par un lent glissement vers la droite ces dernières années – montre les dents. Alors que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin – réélu dans le Nord – s’active pour faire pencher la coalition vers Laurent Wauquiez et Les Républicains, certains de ses collègues laissent déjà entendre que cela se ferait sans eux. C’est le cas par exemple de Sacha Houlié, l’ancien président de la Commission des Lois, et figure la plus influente de la tendance gauche macroniste.

Le groupe Renaissance a « longtemps été trop à droite. Soit on le surmonte, soit nous aurons des désaccords profonds qui devront être tranchés », explique ainsi le député de la Vienne, dans les colonnes de la Nouvelle République. En d’autres termes, l’ancien socialiste se verrait bien monter un groupe indépendant pour jouer le rôle de « passerelle » entre la Macronie et la gauche modérée. Mais également pour peser face aux poids lourds de l’aile droite.

Selon L’Opinion, le parlementaire a même réuni une vingtaine de députés lundi en visioconférence, pour réfléchir à la suite. Et rompre avec le président, le cas échéant ? Dans ces conditions, la voie de passage d’Emmanuel Macron pour continuer à appliquer ses idées semble se rétrécir, encore. S’il attend toujours que la poussière retombe, certains s’inquiètent qu’il choisisse de la glisser sous le tapis.

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