« Je manque un événement unique » : elles ont fui la capitale pour les Jeux Olympiques et le regrettent
JEUX OLYMPIQUES – Avez-vous le « FOMO » des JO ? Ce syndrome, acronyme de « fear of missing out », caractérise la crainte éprouvée à l’idée de manquer quelque chose – une sensation partagée par de nombreux parisiens qui, effrayés par l’afflux touristique, ont choisi de fuir la capitale pendant la période olympique… Et le regrettent aujourd’hui, en regardant les épreuves à distance, à la télévision.
Alors qu’il y a trois mois, elles étaient certaines de prendre la bonne décision, trois Parisiennes ont raconté au HuffPost pourquoi elles avaient des remords aujourd’hui et ce qui les a fait changer d’avis.
Quand les Jeux Olympiques ont été annoncés à Paris, Léna* a d’abord ressenti beaucoup d’excitation. « J’ai toujours été une grosse adepte de compétitions sportives. Petite, j’avais l’habitude de les regarder les étés où les vacances se faisaient rares », raconte la trentenaire qui vit dans le nord de la capitale.
Pourtant, l’été 2024 approchant, elle a senti son inquiétude augmenter. Elle cite notamment « des travaux partout créant des embouteillages, le métro bondé à toute heure » qui n’auguraient rien de bon pour l’accueil des millions de touristes attendus. Surtout, elle estime que la préparation de ces Jeux n’a pas respecté ses valeurs, ni celle du sport. « Les moyens colossaux utilisés pour essayer de rendre la Seine baignable pour quelques heures, la précarité des travailleurs sur les chantiers, la construction de la tour temporaire des juges à Tahiti avec des conséquences néfastes sur les coraux, la réquisition de logements étudiants, le déplacement forcé des sans-abri pour les invisibiliser… énumère la jeune femme. Ces événements ont renforcé l’idée que ces Jeux ne véhiculaient pas les valeurs de partage et de communion que j’admire dans le sport. » Au moment de poser ses congés, au printemps, elle décide d’aller passer les semaines des Jeux Olympiques en vacances à l’étranger.
« Avoir les JO dans son pays, ça arrive peu de fois dans une vie »
Depuis le début de l’événement, cependant, la trentenaire a des regrets. « J’ai eu le déclic en voyant tous les athlètes arriver au village olympique. Avec le contenu qu’ils postent eux-mêmes sur les réseaux sociaux, tout le monde a envie de vivre ce qu’ils vivent : échanger des pins, rencontrer des stars du sport… Ensuite, il y a eu la cérémonie d’ouverture qui a montré les multiples faces de cette France multiculturelle et inclusive dans laquelle je me retrouve, et j’ai commencé à regretter de ne pas être là » soupire Léna avant d’ajouter : « En voyant les premières épreuves à distance, je me suis souvenue qu’avoir les Jeux Olympiques dans son pays, ça n’arrive que très peu de fois dans une vie. »
Julie* aussi a fui Paris par peur des transports en commun chaotiques. Cette quarantenaire, qui vit en banlieue parisienne a choisi d’aller télétravailler chez ses parents en Ardèche pendant la durée de l’événement. La décision qui lui semblait parfaitement sensée au moment où elle l’a prise, mais c’était sans compter sur l’engouement national. « Au final, mon fils de 12 ans et moi passons notre temps à regarder les JO. C’est la première fois que ça nous arrive ! »
À la télévision et sur les réseaux sociaux, ils observent une ambiance qu’ils n’ont jamais vue dans la capitale. « Entre les amis qui ont eu des places et qui nous racontent des épreuves dans des lieux magnifiques comme le Grand Palais, les athlètes qui vont voir les supporters au parc des champions après les médailles… C’est quand même quelque chose de se dire que tout est à domicile et qu’on a choisi de partir, regrette-t-elle. J’aurais peut-être dû m’organiser pour aller voir une ou deux épreuves avec mon fils, ou qu’il puisse juste profiter de voir sa ville investie par des gens du monde entier. »
Pas de billet retour à temps
Pour Vasundhara, étudiante indienne en France, la décision de quitter Paris durant la quizaine a été « influencée par une attitude largement négative ». Elle explique qu’après avoir ressenti beaucoup d’enthousiasme, elle s’est inquiétée des difficultés à rester dans la ville pendant l’événement – un discours relayé par « différents journaux » qu’elle lisait assidûment. N’ayant pas l’habitude de suivre les Jeux Olympiques, elle a décidé de prévoir un voyage en Turquie à la place. De belles vacances, qui ne l’empêchent pas d’avoir des remords.
« Après avoir vu des amis et connaissances sur Instagram poster des vidéos de fan zones et des épreuves, j’ai commencé à regretter. J’ai même lu que contrairement à ce qu’on craignait, il n’était pas difficile de traverser la ville… Si j’avais essayé, j’aurais pu acheter des billets, ou au moins voir certaines compétitions gratuitement » regrette la jeune femme, en mentionnant notamment les épreuves de triathlon et de marathon, visibles depuis certains endroits de Paris. « Je crois que c’est un événement unique, l’occasion de ressentir une partie de l’Histoire, et je suis vraiment triste de la manquer » confie-t-elle.
Pour lutter contre le FOMO, Léna a revu un peu l’organisation de son été. La trentenaire, qui doit repasser à paris en coup de vent entre deux destinations de vacances, a réussi à acheter des billets de dernière minute pour l’athlétisme sur la plateforme de revente des Jeux. « J’ai aussi prévu d’aller voir quelques installations comme les pavillons Suisse et Sud Coréen, pour me dire que j’aurai quand même profité de l’événement », explique-t-elle. Quant à Julie et son fils, ils ne peuvent pas changer leur billet de train pour revenir à Paris, mais ils ont pris des places pour les paralympiques plus tard en août.
*Les prénoms ont été modifiés
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