Politique

Ce qu’il faut retenir des deux semaines de session extraordinaire à l’Assemblée

POLITIQUE – La (très) courte session parlementaire s’achève ce vendredi 2 août sur un sentiment étrange : aucune majorité ne se dégage, le gouvernement est démissionnaire et le nouveau tarde à être nommé. Les deux semaines prévues n’auront duré que trois petits jours, faute de stabilité. De quoi augurer une rentrée compliquée.

On rembobine. Le 18 juillet, les députés fraîchement élus siègent pour la première fois à l’Assemblée nationale. L’occasion pour les sortants de faire connaissance avec les nouveaux élus, de leur présenter les lieux, de les laisser prendre leurs marques. Pour la première séance, chacun est rangé par ordre alphabétique. Le hasard nous a offert quelques surprises amusantes : Antoine Léaument assis à côté de Marine Le Pen, Danièle Obono à côté de Julien Odoul et Raphaël Arnault non loin de Gabriel Attal…

Bataille d’interprétations de la Constitution

Ce jour-là, à la faveur d’une alliance entre LR et la macronie, Yaël Braun-Pivet parvient à se maintenir au perchoir. Rien n’était joué puisqu’en l’absence de majorité absolue, de nombreux scénarios étaient sur la table. Le Nouveau Front populaire, malgré sa victoire aux élections législatives, a échoué à imposer son candidat unique, le communiste André Chassaigne.

Le scrutin, marqué par le refus de certains élus de gauche de serrer la main de députés RN, a surtout été contesté en raison de la participation des 17 ministres-députés. Ouvrant la porte à une bataille d’interprétations de la Constitution. Le NFP a saisi le Conseil constitutionnel qui, le 31 juillet, s’est déclaré incompétent. Ce n’est pas une surprise : les Sages ne se prononcent quasiment jamais sur le fonctionnement de l’Assemblée nationale.

Front républicain et RN écarté

Les 19 et 20 juillet, place à l’élection du bureau de l’Assemblée. À la surprise générale, la gauche décroche la majorité, imposant de fait une cohabitation à Yaël Braun-Pivet qui avait jusque-là les mains libres. Parties tôt dans la nuit alors que la répartition des postes continuait, la droite et la macronie s’en sont voulu. Mais l’alliance de circonstance entre le NFP et le petit groupe Liot a aussi joué. Le RN, de son côté, a été écarté de tous les postes à responsabilité. Le front républicain, qui avait émaillé l’entre-deux tours des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, s’est poursuivi au Palais Bourbon.

L’épisode illustre l’extrême fragilité de chaque bloc : personne ne peut, à ce stade, prétendre à une grande coalition stable et en mesure de faire voter des textes. Fait significatif : le 20 juillet, le député LFI Éric Coquerel a été réélu président de la commission des finances alors que l’élue LR Véronique Louwagie s’imaginait déjà à cette place. D’autant que les macronistes avaient pris part au vote, contrairement à l’usage. Deuxième secousse plus tard dans la journée avec l’accession au poste de rapporteur général du budget de Charles de Courson (Liot). Le bloc macroniste ne contrôle désormais plus aucun poste-clé sur le budget. Les débats qui s’annoncent à l’automne risquent d’être extrêmement difficiles pour le camp présidentiel.

« L’Assemblée remplit ses missions »

Voilà pour trois jours de foire d’empoigne, de batailles de postes et de manœuvres en coulisses. Il serait faux de dire que l’Assemblée est désormais ingouvernable, puisque des majorités peuvent être trouvées texte par texte. Comme le rappelle l’historien et politologue Patrick Weil, contrairement au gouvernement « qui ne fonctionne pas, l’Assemblée est divisée mais elle remplit ses missions ».

La prochaine session doit s’ouvrir le 1er octobre sans qu’aucun texte ne soit encore inscrit à l’ordre du jour. Seule la niche parlementaire du RN, le premier à en bénéficier sous cette législature, a été fixée au 31 octobre. Plusieurs députés se sont toutefois empressés, ces derniers jours, de déposer certaines propositions de loi qu’ils aimeraient voir examinées au plus vite. La France insoumise espère notamment abroger la réforme des retraites. Le député Olivier Falorni (Modem) a, lui, déposé le texte sur la fin de vie qui avait été écarté avec la dissolution.

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