« Rance et à côté de la plaque » : Audiard répond à la transphobie visant « Emilia Perez »
TRANSPHOBIE – « J’ai trouvé cette réaction d’une méchanceté extrême. En plus, Marion Maréchal n’avait même pas vu le film. » Dans une interview donnée à Télérama, le réalisateur Jacques Audiard répond aux injures transphobes proférées – en particulier – par la tête de liste aux européennes pour Reconquête ! à l’encontre de l’actrice principale de son film, Emilia Perez, qui sort en salles ce mercredi 21 août après avoir reçu le prix du Jury à Cannes.
Karla Sofia Gascón, actrice espagnole âgée de 52 ans, a reçu en mai, avec les Américaines Selena Gomez et Zoe Saldana ainsi que la Mexicaine Adriana Paz, un prix d’interprétation féminine commun au 77e Festival de Cannes pour son rôle dans cette comédie musicale, qui raconte le repentir d’un baron de la drogue mexicain, qui change de vie et fait une transition de genre.
En réaction, Marion Maréchal avait commenté sur X : « C’est donc un homme qui reçoit à Cannes le prix d’interprétation… féminine. Le progrès pour la gauche, c’est l’effacement des femmes et des mères. » Des propos transphobes ensuite réitérés dans Télématin et sur France Inter, qui ont fait l’objet d’une plainte pour outrage sexiste de la part de l’artiste et d’une autre pour « injure transphobe », déposée par six associations de défense des droits des LGBT+.
« Totalement à côté de la plaque »
« Je déteste cette culture de l’opinion, où l’on s’exprime sans savoir », commente Jacques Audiard dans Télérama à l’occasion de la sortie du film. « C’est vieux, rance, et totalement à côté de la plaque. Moi, je sais ce que je dois à Karla. Elle a été mon éducatrice. Lorsque je la vois, avec sa femme et sa petite fille, cela me fait réaliser à quel point j’étais ignorant. Elle a fait évoluer mon regard et mes représentations », pointe-t-il.
Le réalisateur s’inquiète de la percée de l’extrême droite aux dernières élections européennes et législatives en France. Et de ses conséquences potentielles sur la culture. « Il y a deux ans, Emilia Pérez a bénéficié du financement de la région Île-de-France. Avec le RN au pouvoir, il n’aurait jamais obtenu cet argent. Et je ne peux même pas imaginer ce que deviendrait le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée)… Alors oui, cette montée en puissance laisse présager un avenir compliqué », souligne-t-il.
Il voit néanmoins dans cette percée un « challenge intéressant ». « Tout cela va peut-être rendre, d’une certaine manière, le cinéma plus intéressant ou, en tout cas, nous obliger, nous, cinéastes, à inventer d’autres formes. Je veux continuer à faire des films. Et si je peux déclencher des petites urticaires chez des gens comme Marion Maréchal, c’est pas mal », conclut-il.
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