On a trouvé un macroniste qui veut voir le NFP à Matignon

POLITIQUE – Pascal Canfin doit se sentir bien seul. En expliquant dans les colonnes du Nouvel Obs que le Nouveau Front populaire doit être appelé à Matignon, l’eurodéputé Renaissance a franchi un pas que nombre de ses collègues refusent toujours de faire. Il est « logique », selon lui, que le NFP puisse ensuite former un gouvernement puisqu’il est arrivé en tête des élections législatives et qu’il fournit le contingent le plus important de députés à l’Assemblée.

L’ancien ministre de François Hollande, membre d’EELV jusqu’en 2015, pose toutefois une condition : « Il faut que le NFP ait au préalable, et avant même de se poser la question de l’identité du Premier ministre, créé les conditions d’un soutien majoritaire à l’Assemblée ». Le risque : qu’un gouvernement dirigé par le NFP ne soit renversé en quelques jours.

« LFI a joué le jeu du front républicain »

Depuis 2022, Élisabeth Borne puis Gabriel Attal ne bénéficiaient pas non plus de majorité absolue mais ont échappé à la censure. Cette fois, la droite et les troupes présidentielles ont mis en garde : la présence de ministres LFI au gouvernement signifierait « censure immédiate ».

Sur ce point aussi, Pascal Canfin se démarque nettement. Pour l’ancien directeur général de WWF France, aucune raison de rejeter a priori un gouvernement auquel appartiendraient des Insoumis. « À titre personnel, j’estime que LFI – parce qu’elle a joué le jeu d’un front républicain qui a, il faut le rappeler, permis d’échapper à l’hypothèse de voir Jordan Bardella s’installer à Matignon – ne doit pas être exclu par principe », juge-t-il.

On est loin, très loin, des éléments langages développés par les proches du chef de l’État sur le danger de voir « l’extrême gauche » arriver aux responsabilités. La seule question qui se pose, selon Pascal Canfin, est maintenant de savoir si La France insoumise est prête à d’éventuels compromis. « Il semblerait plutôt que Jean-Luc Mélenchon s’inscrive dans une stratégie de tension permanente incompatible avec l’esprit même d’un contrat de coalition », temporise-t-il tout de même.

« Blocage intellectuel et politique »

Toujours dans les colonnes du Nouvel Obs, le député PS Arthur Delaporte se réjouit d’entendre un macroniste reconnaître une « légitimité » du NFP à gouverner. « Car nous avons avec les macronistes, qui disent vouloir censurer par principe n’importe quel gouvernement où seraient présents des Insoumis, un vrai problème de blocage intellectuel et politique », déplore le socialiste. Qui interroge : « Comment, dès lors, entamer des discussions de fond auxquelles par ailleurs nous sommes prêts ? »

La position de Pascal Canfin est d’autant plus notable qu’au même moment, la ministre démissionnaire Aurore Bergé refusait sur les ondes de France Inter de reconnaître une quelconque légitimité du NFP à gouverner, préférant parler de « fable ». « Ils ne peuvent pas revendiquer la victoire », tranche-t-elle. Pour le NFP, le chemin vers Matignon sera nécessairement sinueux et semé d’embûches. Les consultations avec le Président commencent ce vendredi 23 août. La gauche sera reçue en premier.

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