En pleine polémique, le festival de Deauville s’ouvre pour une 50e édition houleuse
CINÉMA – La tempête précède rarement le calme. Pourtant, c’est probablement ce qu’espère l’organisation du festival de Deauville. Ce vendredi 6 septembre, le monde du cinéma a les yeux tournés vers la petite ville normande. La 50e édition du festival du cinéma américain de Deauville se tient jusqu’au 15 septembre, et elle est déjà marquée par la controverse, malgré le plein de stars annoncées.
Les paillettes sont posées, les projecteurs allumés, le tapis rouge déroulé, et les flashs prêts à crépiter. Après une édition 2023 en demie-teinte marquée par la grève et l’absence des stars hollywoodiennes, le festival espère revenir au sommet. Mais le glamour ne parviendra sans doute pas à éclipser totalement les semaines qui viennent de s’écouler. Un petit retour en arrière s’impose.
En juin dernier, Mediapart publie une enquête concernant le directeur du festival, Bruno Barde. Nos confrères révèlent les témoignages de sept anciennes collaboratrices qui l’accusent d’agressions sexuelles et de harcèlement entre 2014 et 2023. « Je ne vais pas nier que je peux avoir un comportement latin et malencontreux, et que c’est dans mon caractère d’être prompt à l’humour railleur », avait avancé auprès de Mediapart Bruno Barde. Également directeur du Public Système Cinéma qui organise en plus de Deauville, le festival du film fantastique de Gérardmer et celui du film policier de Reims, il est « mis en retrait » de ses fonctions peu après la publication de ces témoignages.
La société Hopscotch nomme alors Aude Hesbert pour le remplacer. Elle en connaît les ficelles puisqu’elle a occupé pendant cinq ans entre 2018 et 2023 le poste de directrice adjointe. La nouvelle directrice du festival, qui a donc pris officiellement ses fonctions dans la précipitation quelques semaines avant le début de l’évènement, veut en priorité « tourner la page #metoo. »
L’éviction d’Ibrahim Maalouf
L’une des premières décisions qu’elle prend est d’exclure Ibrahim Maalouf du jury. Le dimanche 25 août dans une interview publiée dans La Tribune dimanche Aude Hesbert annonce que le musicien ne fait plus partie du jury en raison d’un « malaise dans l’équipe » en lien avec le mouvement #MeToo. Derrière cette décision, une affaire judiciaire récente. « Ce n’est pas à moi de juger, punir ou condamner, mais la présence d’Ibrahim Maalouf devenait de plus en plus problématique pour la bonne tenue, sereine, d’un festival qui fête son 50e anniversaire, qui est aussi ma première édition et que je souhaite porter avec clarté et transparence », déclare ainsi la nouvelle directrice du festival.
Le trompettiste Ibrahim Maalouf a été accusé d’agression sexuelle sur mineure il y a plusieurs années, des faits qu’il a toujours niés. En 2020, après une première condamnation à quatre mois de prison avec sursis en première instance, l’artiste a été relaxé. Ayant appris dans la presse son éviction du jury, Ibrahim Maalouf a réagi sur Instagram, expliquant notamment avoir l’intention de porter l’affaire devant les tribunaux.
Autre polémique qui vient entacher le début de ce 50e festival de Deauville : la présidence du jury. D’après Le Point, celle-ci avait initialement été proposée à la réalisatrice et actrice Maïwenn, comme l’avait confirmé cette dernière. Avant de lui être finalement retirée quelques jours plus tard au profit de Benoît Magimel. Une information que n’a pas confirmée l’organisation du festival, affirmant que la proposition faite à la réalisatrice de Polisse par Bruno Barde avant son départ n’avait rien d’officiel. Quelques mois plus tôt en janvier, la réalisatrice avait été condamnée à une amende pour avoir agressé un an auparavant le fondateur de Mediapart Edwy Plenel dans un restaurant.
Le plein de stars à Deauville
C’est donc bien Benoît Magimel qui préside, pour cette 50e édition, un jury composé notamment d’Émilie Dequenne, Damien Bonnard, Lou Lampros, Ludivine Sagnier, Agathe Riedinger et Martin Bourboulon.
Et pour garantir des tapis rouges éblouissants, à la hauteur de ses 50 bougies, le festival de Deauville n’a pas lésiné sur les grands noms. Michelle Williams, Natalie Portman, Michael Douglas, mais aussi James Gray seront présents pour recevoir des prix honorifiques. Autre présence attendue, celle de Malia Obama, la fille de l’ancien président américain Barack Obama. Elle recevra le tout premier Next Generation Award du festival pour son court-métrage The Heart projeté pour la première fois en France ce vendredi 6 septembre.
Côté réalisateurs venus présenter leurs films, les spectateurs pourront notamment retrouver une partie de ceux qui ont défilé en mai à Cannes : Francis Ford Coppola pour Megalopolis, Sean Baker avec sa Palme d’Or Anora, ou encore Paolo Sorrentino avec Parthenope. Enfin, le réalisateur Tim Burton sera aussi de la partie pour présenter Beetlejuice Beetlejuice, quelques jours après avoir ouvert la 81e Mostra de Venise, et reçu son étoile sur le Walk of Fame.
Cela suffira-t-il à mettre les projecteurs exclusivement sur le cinéma, les films, et les stars ? Momentanément, peut-être.
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