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Ce que l’on sait de l’affaire Auradou-Jégou avant le témoignage de la plaignante dans « Envoyé spécial »

JUSTICE – Elle donne à nouveau sa version des faits. La femme argentine accusant de viol les deux rugbymen français Hugo Auradou et Oscar Jegou témoigne dans un reportage d’Envoyé spécial, diffusé ce jeudi 12 septembre sur France 2 à 21 h 05.

Elle revient sur cette nuit de juillet au cours de laquelle elle dit avoir été victime de violences de la part des deux internationaux. Ces derniers, toujours poursuivis en Argentine, ont été autorisés à rentrer en France. Hugo Auradou a même retrouvé son centre d’entraînement de Pau lundi.

Deux mois après le début de cette affaire trouble, Le HuffPost fait le point sur ce que l’on sait.

• Que s’est-il passé ?

Les faits présumés seraient survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet au Diplomatic Hotel de Mendoza, dans l’ouest de l’Argentine, où résidaient les joueurs du XV de France et leur staff technique. Les Tricolores venaient de remporter un test-match contre les « Pumas », la première sélection en bleu pour Oscar Jégou et Hugo Auradou.

Pour fêter leur victoire, les deux Français de 21 ans ont passé la soirée en boîte de nuit. Hugo Auradou y a rencontré Soledad, 39 ans. Cette dernière dit avoir accepté de le suivre lorsqu’il lui a proposé de continuer à boire de l’alcool à son hôtel.

• Que dit la plaignante ?

Interrogée par plusieurs médias, cette mère de deux enfants indique avoir voulu quitter l’hôtel lorsqu’elle s’est rendu compte qu’il n’y avait pas d’alcool dans la chambre du rugbyman. Le joueur l’en aurait empêché. À partir de ce moment, « quand il m’a prise par les cheveux et m’a attrapée violemment, je n’ai plus consenti à rien. Et je n’ai eu aucun moyen de sortir », a-t-elle raconté à l’AFP. Elle détaille certains gestes de violence présumés auprès d’Envoyé spécial, dans l’extrait à voir ci-dessous.

Elle avance qu’Oscar Jégou, qui partageait sa chambre avec Hugo Auradou, serait rentré plus tard. « Les deux m’ont frappée » et « ont abusé sexuellement de moi », assure-t-elle. Elle décrit de nombreuses blessures et dit souffrir de « stress post-traumatique ».

Le 26 août, ses avocats ont annoncé qu’elle avait fait une tentative de suicide trois jours plus tôt, entraînant son hospitalisation.

• Que répondent les rugbymen ?

Ils livrent une version radicalement opposée. S’ils reconnaissent avoir passé une partie de la nuit avec la plaignante, ils affirment que les relations sexuelles étaient consenties et nient toute violence.

« J’ai senti qu’elle avait beaucoup d’expérience et qu’elle prenait l’initiative », a ainsi témoigné Hugo Auradou devant le parquet de Mendoza, selon Envoyé spécial. « Elle m’a rejoint dans mon lit […] J’ai été très surpris mais je n’ai pas refusé […] On a eu un plaisir partagé », a de son côté expliqué Oscar Jégou.

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• Que dit l’enquête ?

Les investigations ont permis de recueillir de nombreux témoignages de cette nuit. Des vidéos et échanges WhatsApp ont aussi été analysés. Un rapport médico-légal, consécutif à un examen effectué le 7 juillet, répertorie quinze lésions sur le corps de la plaignante.

En parallèle, certains éléments du dossier filtrent dans les médias, comme la vidéo (à voir ci-dessous) de la plaignante dans l’ascenseur de l’hôtel, après avoir quitté la chambre. Elle y croise Patrick Arlettaz, l’un des entraîneurs du XV de France. « Il n’a vu aucune trace de coup, ne l’a pas vu pleurer, se plaindre ou être apeurée », souligne German Hnatow, avocat des joueurs.

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Des messages audios échangés avec une amie après les faits, dans lesquels la plaignante semble au départ parler de manière positive des rugbymen, ont aussi été publiés. « Quand je sors, j’en profite. Il m’a éclatée », dit-elle dans l’un de ces messages, dont l’authenticité a été confirmée par ses avocats au Parisien. Évoquant sa rencontre avec « un rugbyman français », elle parle d’un « mec super grand », « trop beau ».

Au fil de la conversation, ses messages deviennent plus sérieux, comme l’a révélé L’Équipe. Décrivant ses blessures, elle dit avoir « dû prendre un Diclofenac », un anti-inflammatoire. Avant d’annoncer que son avocate « est en train de déposer la plainte. Et comme je ne peux pas bouger et que je suis pleine de bleus, elle va sûrement m’emmener au ministère public pour qu’ils me prennent des photos de tout le corps ».

Les photos de ses bleus et griffures ont également été diffusées. Déjà écartées par l’expertise comme « incompatibles » avec les coups allégués, répliqueront les avocats des joueurs. Me Antoine Vey, avocat français des joueurs, rappelle que l’enquête « a établi postérieurement que la plaignante avait caché à la justice qu’elle était atteinte de la maladie de Willebrand », un trouble de la coagulation qui peut prédisposer aux ecchymoses ou saignements.

• Qu’a fait la justice argentine jusqu’ici ?

Les rugbymen ont été interpellés le 8 juillet, le lendemain du dépôt de plainte. Inculpés de viol aggravé car commis en réunion, ils sont d’abord placés en détention pendant un peu plus d’une semaine. Puis le parquet, tenant compte du « niveau de preuves et [de] l’absence de risque procédural », autorise leur assignation à résidence mi-juillet, sous bracelet électronique.

Auradou et Jégou sont ensuite remis en liberté le 12 août, avec interdiction de quitter l’Argentine. Le parquet pointe « l’existence de contradictions notoires, d’incohérences, de zones grises et même d’explications insuffisantes » dans la version de la plaignante. Le 3 septembre, la justice les autorise à rentrer en France, estimant que « l’accusation initiale a perdu de sa force ».

• Et maintenant ?

Les deux joueurs sont toujours poursuivis pour viol aggravé et encourent jusqu’à vingt ans de prison. Leurs avocats ont déposé une demande de non-lieu. Aucune date n’a à ce jour été fixée pour l’examen de cette demande.

En attendant, le feu vert donné à leur retour en France est assorti de règles : se présenter s’ils sont convoqués au consulat d’Argentine en France, être entendus en mode virtuel « aussi souvent qu’il en soit requis », voire revenir « se présenter à Mendoza si ceci leur est demandé ».

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