Economia

Geler le barème de l’impôt ? Cette option qui s’offre à Barnier fait déjà hurler

POLITIQUE – Une hausse des impôts qui ne dit pas son nom ? Le Premier ministre Michel Barnier assure ne pas vouloir « alourdir » l’impôt pour les Français « les plus modestes, ni sur les gens qui travaillent et ni sur les classes moyennes ». Mais le chef du gouvernement n’exclut pas de taxer les plus riches et pourrait utiliser une astuce qui, sans augmenter à proprement parler l’impôt des ménages, aurait quand même pour conséquence de faire payer plus certains.

Selon des informations de La Tribune Dimanche et les déclarations de Gérald Darmanin devant les députés Ensemble pour la République dimanche matin, les équipes du Premier ministre étudient l’option d’un gel du barème de l’impôt sur le revenu. Le barème est relevé chaque année pour tenir compte de l’inflation. Mais s’il n’est pas relevé, les ménages qui ont vu leurs revenus augmenter changent alors de tranche d’imposition. Dit autrement : ils payeront plus d’impôts.

Dans les faits, Michel Barnier n’a pas détaillé les dispositifs par lesquels il entendait rétablir les finances publiques et il faudra attendre sa déclaration de politique générale le 1er octobre pour en savoir plus. Mais ce dispositif, déjà mis en place à la fin de la présidence Sarkozy et prolongé au début du quinquennat Hollande, est hautement impopulaire. Et même non confirmée, l’hypothèse fait bondir l’opposition.

« Hausse d’impôts déguisée », les classes moyennes concernées ?

C’est une « hausse d’impôts déguisée » car « en réalité on aura fait rentrer dans le barème supérieur des Français qui n’ont pas vu leur pouvoir d’achat augmenter », s’est indigné le porte-parole du Rassemblement national Sébastien Chenu sur BFMTV ce lundi 23 septembre. « Ne pas indexer le barème, on sait que ça rapporte 4 milliards d’euros sur les classes moyennes et populaires et ça fait rentrer 300 000 personnes qui ne le sont pas dans l’impôt sur le revenu », abonde Jean-Philippe Tanguy, député RN, sur France Inter. « Cette histoire d’indexation du barème, c’est dire qu’on n’assume pas une hausse d’impôts frontale et donc on prend les gens en traître en utilisant des variations », ajoute-t-il.

Pour rester au centre du jeu malgré sa défaite aux législatives, le Rassemblement national martèle que le gouvernement Barnier est « sous surveillance » et érige ses « lignes rouges ». Le gel du barème des impôts en fait partie, affirme Sébastien Chenu ce lundi.

Côté Nouveau Front Populaire, l’éventuel gel du barème ne passe pas non plus. « Barnier veut remplir les caisses… En gelant les barèmes de l’impôt sur le revenu. Traduction : en faisant payer les pauvres à partir de 950 euros par mois qui deviendront imposables, les classes moyennes qui changeront de tranche (et) toujours pas les riches », écrit sur X le député France Insoumise Hadrien Clouet. « La réforme du barème de l’impôt sur le revenu mise à l’étude pourrait coûter très cher aux classes moyennes », met aussi en garde le sénateur PS de l’Oise Alexandre Ouizille sur BFMTV.

Même au sein du camp présidentiel, la gêne est palpable. Dès son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a fait de la non-augmentation des impôts le dogme ultime de sa politique. Mais avec un Premier ministre LR et donc issu de l’opposition, ce principe cardinal présidentiel pourrait-il s’affaiblir ? Avec le risque, pour les élus du camp macroniste de se diviser (un peu plus) ? Invité de France 2 ce lundi 23 septembre, le député EPR Sylvain Maillard est gêné : « Il y aura plusieurs discussions que nous devons avoir », répond-il alors qu’il est interrogé sur la possible « ligne rouge » que représenterait un gel des barèmes. Le gouvernement composé, la deuxième mission impossible de Michel Barnier commence.

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