Politique

Pourquoi BFMTV a coupé court à l’interview de Rima Hassan

MÉDIAS – « Désolé, l’interview s’arrête. » C’est une scène peu banale qui s’est déroulée ce mardi 8 octobre lors d’un direct sur l’antenne de BFMTV. Invitée en duplex de l’émission BFM Story, présentée par Alain Marschall et Olivier Truchot, l’eurodéputée insoumise Rima Hassan a été coupée par les présentateurs, jugeant sa prise de parole déplacée.

Comme elle l’explique elle-même sur X ce mardi, Rima Hassan avait été invitée pour évoquer « les livraisons d’armes à Israël et les propos d’Emmanuel Macron sur le sujet ». Sauf qu’avant de répondre à la question posée en plateau, elle a souhaité revenir sur des propos tenus deux jours plus tôt sur cette même antenne par un porte-parole de l’armée israélienne, Olivier Rafowicz.

Ce dernier avait déclaré à l’antenne de BFMTV lors d’une émission spéciale depuis Tel-Aviv que la chaîne d’info en continu faisait « du travail excellent par rapport à la présentation du conflit ». Des « félicitations » faites à l’occasion de la première année de guerre à Gaza, le 7 octobre, qui ont particulièrement choqué l’eurodéputée d’origine palestinienne.

BFMTV « va devoir rendre des comptes »

« Je vais répondre à votre question. Je veux simplement dénoncer le fait que vous avez été félicités par Olivier Rafowicz, porte-parole de l’armée israélienne, une armée génocidaire, pour votre ligne éditoriale », a réagi Rima Hassan, estimant qu’il était « important » pour elle de « dénoncer » cette séquence.

« Ça dit beaucoup de la ligne éditoriale qui est la vôtre sur ce sujet et j’espère que vous vous rendez compte que vous aurez tôt ou tard des comptes à rendre en tant que média », a-t-elle également lâché, avant d’être interrompue par les présentateurs, comme vous pouvez le revoir dans la séquence ci-dessous.

Alors que la séquence s’est poursuivie et conclue dans un brouhaha généralisé, entre le refus des présentateurs d’écouter la réponse initiale de Rima Hassan et les remarques de cette dernière sur la neutralité des médias dans leur mission d’information ou le rappel des violations du droit international par l’État israélien, Alain Marschall et Olivier Truchot ont coupé court à la discussion. « Écoutez stop, on va arrêter. On vous félicite pour ça et on vous remercie », ont-ils ironiquement ajouté pour mettre un terme à la discussion.

La chaîne défend un travail équilibré

« Quand on ment et nous menace, oui on coupe », a ensuite réagi sur X Alain Marschall, avant qu’Olivier Truchot n’ajoute à l’adresse de Rima Hassan que son « objectif était d’obtenir (son) petit moment de buzz ». Pour sa part, la députée européenne a dit avoir été « censurée dans la critique légitime » qu’elle formulait.

Ce mardi soir, la Société des journalistes de BFMTV (SDJ) a publié un communiqué pour revenir sur cette séquence. Elle y « déplore la mise en cause de travail de la rédaction par la députée européenne sur sa couverture du conflit ». Et de rappeler au passage la présence de « nombreux envoyés spéciaux ou correspondants dans la région, au Liban, en Cisjordanie, en Israël ou en Iran ».

La SDJ souligne également la diffusion au cours du week-end d’une « enquête long format » réalisée avec des journalistes palestiniens à Gaza, témoignant des dégâts infligés par l’armée israélienne sur l’enclave palestinienne. Une enquête « d’ailleurs vivement contestée en plateau par Olivier Rafowicz ». La SDJ regrette donc « une phrase (…) sortie de son contexte et instrumentalisée pour prendre à partie BFMTV et le travail de sa rédaction ».

Une réaction et des arguments similaires ont également été partagés par la direction de la chaîne dans un communiqué de « mise au point », qui incite les lecteurs et téléspectateurs à prendre connaissance de l’interview en intégralité du porte-parole de Tsahal par Benjamin Duhamel ainsi que le reportage « des équipes de l’émission Ligne Rouge » sur la destruction de Gaza.

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