Economia

Quand le prix Nobel d’économie vantait les réformes de Macron

ÉCONOMIE – Un satisfecit. Lauréat cette année du prix Nobel d’économie aux côtés de Simon Johnson et James A. Robinson, l’économiste turco-américain Daron Acemoglu a récemment fait parler de lui en portant un regard relativement positif sur les réformes économiques portées par Emmanuel Macron depuis 2017.

Ce lundi, à Stockholm, il a été récompensé avec ses collègues pour leurs travaux sur « la compréhension des différences de prospérité entre les nations ». Avant de recevoir la prestigieuse récompense ce lundi 14 octobre, le professeur d’économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT) s’était penché sur le cas de la France dans une interview accordée à L’Express en juillet dernier.

Spécialiste du rôle des institutions dans le développement économique et politique des pays, il estime que les réformes économiques mises en place depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir « ont globalement porté leurs fruits ».

La réforme des retraites ? « Pas reconnue à sa juste valeur »

Daron Acemoglu pointe en particulier le taux de chômage des jeunes qui « n’avait pas été aussi bas » depuis « une vingtaine d’année », bien qu’il soit « encore élevé par rapport à la moyenne européenne ». L’économiste note aussi des « créations d’emplois plus nombreuses » et des « signes de reprise économique » visibles. Après la crise financière de 2008 et malgré la récente pandémie de Covid-19, l’économie française se porte, à ses yeux, « beaucoup mieux aujourd’hui qu’il y a dix ans ».

S’il reconnaît que le président français n’a pas été mesure de résoudre « certains problèmes fondamentaux » comme une faible croissance de la productivité et le manque de création d’emplois de qualité, l’économiste porte un regard sévère sur les Français. Le professeur cite pour cela l’exemple de la réforme des retraites, qu’Emmanuel Macron « a eu raison de faire », bien qu’elle ne soit pas « reconnue à sa juste valeur par les Français ».

Daron Acemoglu reconnaît toutefois que cette réforme a été « imposée d’une manière désordonnée ».

Il ajoute que la personnalité du locataire de l’Élysée et « la façon dont la conjoncture politique française a été façonnée ces dernières années, au moment des gilets jaunes notamment » n’ont pas été d’une grande aide. Il reconnaît d’ailleurs que durant cette « période turbulente », le style de leadership du président français « n’a pas vraiment fonctionné ».

Trouver le bon équilibre pour l’immigration

Concernant ces difficultés de la France, il remarque que la montée de l’extrême droite joue un rôle important dans la dépréciation des réformes de l’exécutif. Le RN, en particulier, agite des thématiques comme « la protection des travailleurs et la protection du peuple contre les mondialistes », au moment d’une « stagnation des salaires et peut-être aussi d’une immigration que les populations estiment incontrôlable ».

« Les politiciens antidémocratiques parlent désormais le langage de la démocratie » après des années de « politiques hautement technocratiques ». Conséquence ? « La population finit par tourner le dos à la démocratie et plus particulièrement aux candidats les plus au centre », affirme-t-il.

Parmi les solutions qu’il avance pour permettre à la France d’aller de l’avant, il cite le besoin d’augmenter les salaires de manière « décente » et « partagée entre les différents groupes démographiques et les différents groupes de compétences ». Ou une utilisation réfléchie de l’intelligence artificielle dans le travail, au service de la prise de décisions des travailleurs plutôt qu’à une forme d’automatisation du travail. Daron Acemoglu salue au passage le travail de la France et de l’UE pour réguler l’utilisation de l’intelligence artificielle.

À voir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.