Politique

Le gouvernement prêt à s’inspirer de Meloni sur l’expulsion des étrangers

POLITIQUE – Tous les chemins mènent à Rome (mais via l’Albanie). Selon Maud Bregeon, le gouvernement français se penche sérieusement sur la nouvelle méthode « italienne » en matière d’immigration, une stratégie contestée qui consiste à envoyer les demandeurs d’asile dans un pays tiers pour étudier leurs demandes hors des frontières.

« C’est la volonté de Bruno Retailleau. C’est à l’étude du côté du ministère de l’Intérieur. Ça prend beaucoup de temps, c’est de la diplomatie, des échanges » a ainsi expliqué la porte-parole du gouvernement ce jeudi 17 octobre sur Sud Radio. Et de confirmer, sur l’opportunité de nouer de tels accords, avec l’Albanie ou d’autres pays : « on ne se l’interdit pas. (…) Regardons, si cela fonctionne. »

Contacté par Le HuffPost, l’entourage de Bruno Retailleau n’a pas donné suite sur ces hypothèses « à l’étude » selon la porte-parole. Il faut dire qu’elles sont sulfureuses, dans un contexte où les premières pistes dévoilées par le ministre (LR) pour sa future loi immigration suscitent des crispations jusque dans le camp macroniste.

Désaccords en Europe

Concrètement, l’Italie de Giorgia Meloni, cheffe du gouvernement et du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, a scellé un accord controversé avec l’Albanie, où de premiers migrants arrêtés dans les eaux italiennes commencent à arriver. C’est sur place, dans ce petit pays de la péninsule balkanique, que seront étudiées leurs demandes d’asile.

Un modèle qui est bien loin de faire l’unanimité sur le continent. Preuve en est, plusieurs dirigeants européens ont pris leurs distances, ce jeudi lors d’un sommet à Bruxelles, avec cette stratégie particulièrement vantée par les gouvernements de droite, tendances nationalistes.

Ces centres ne sont qu’une « goutte d’eau » et « pas une solution » pour des « grands pays » comme l’Allemagne, a par exemple évacué le chancelier Olaf Scholz, en se présentant devant la presse. Les « hubs » n’ont « jamais montré par le passé » qu’ils étaient « très efficaces et ça a toujours été très cher », a aussi critiqué le Premier ministre belge Alexander de Croo, dans le sillage également de l’Espagne.

Barnier se rend en Italie

Mais qu’en est-il de la France, et particulièrement d’Emmanuel Macron ? L’idée « d’externaliser » ces questions, et de renvoyer d’emblée les étrangers hors des frontières, n’est pas davantage soutenue du côté du chef de l’État. L’Élysée invite effectivement à « favoriser les retours lorsque les conditions le permettent », plutôt que « dans des hubs en pays tiers. »

Mais le président de la République n’a plus la main. Dans l’Hexagone, comme en Europe, le débat migratoire est à nouveau au centre des préoccupations des dirigeants. Ceci, alors même que les dernières législations entérinées sur la question, à Paris ou Bruxelles, ne sont pas encore entrées en application. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen promet ainsi un nouveau texte, moins d’un an après l’adoption difficile du « pacte migration et asile. » En France, mêmes combats. Et mêmes recettes ?

Michel Barnier doit se rendre vendredi à Menton, dans les Alpes-Maritimes, et à Vintimille en Italie pour échanger notamment avec deux ministres italiens, Antonio Tajani et Matteo Piantedosi. L’occasion de prendre conseil auprès du gouvernement de Giorgia Meloni ?

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