David Lisnard attaque Météo France, ces scientifiques remettent les pendules à l’heure
ENVIRONNEMENT – Il ne voulait pas « créer de polémique », c’est raté. Le maire de Cannes, David Lisnard, a vertement critiqué le système de vigilance de Météo France après les récentes intempéries sur sa commune, dans une interview donnée le 18 octobre à Nice-matin. Des propos qui ont mis plusieurs chercheurs en colère et qui l’ont fait savoir sur les réseaux sociaux ce dimanche 20 octobre.
Le président de l’Association des maires de France avait reproché à Météo France d’avoir placé le département des Alpes-Maritimes en vigilance rouge jeudi alors qu’il n’était « tombé que 23 mm d’eau en dix heures. » Tandis que le 23 septembre, poursuivait David Lisnard, « alors que nous étions en alerte jaune, plus de 50 mm s’abattaient en moins de 25 minutes sur la place de la République et inondaient le quartier. Il y a comme une confusion chromatique ».
Météo France utilisée comme « bouc émissaire »
« Quand bien même nous savons tous que la météorologie n’est jamais une science exacte, il est difficile de comprendre qu’en 2024, une telle marge d’erreur », taclait-il encore, allant même jusqu’à appeler à un audit de Météo France, « pour analyser de façon précise et objective le problème ».
Les critiques négatives de David Lisnard ont suscité l’ire des scientifiques, dont le climatologue Christophe Cassou, qui a apporté dimanche sur X « tout [s]on soutien aux collègues de Meteo France ». Le directeur de recherche au CNRS a laissé transparaître sa colère dans son poste, imaginant un semainier inspiré des reproches entendus chez les politiques : « lundi : Le GIEC exagère. Mardi : On est sous l’eau. Mercredi : Trop de postes à Météo France. Jeudi : Scandale, ils n’ont pas prévu. »
« Depuis des lustres, on cherche des boucs émissaires », a fustigé sur son compte X sa consœur, la chercheuse Magali Reghezza. La géographe qui est née et a vécu dans les Alpes-Maritimes a tenu à rappeler que le problème n’était pas le système de prévision de Météo France, mais « les permis de construire en zone inondable, l’imperméabilisation et désormais le changement climatique. »
« On a un vrai problème de la gestion des risques en France »
Sous la publication de Christophe Cassou, d’autres experts et scientifiques se sont offusqués des propos de David Lisnard. À l’instar du météorologue Stéven Tual, qui a regretté : « Toujours pas de dirigeants politiques à la hauteur des enjeux… Nous sommes en 2024 et la communication prime plus que jamais sur l’action ! ». Le prévisionniste Florentin Cayrouse est également de cet avis, il estime qu’« on a un vrai problème de la gestion des risques en France avec des politiques déconnectés de la réalité ».
Les crues inédites dans le Centre-Est jeudi ont toutefois permis de fait réagir la ministre de la Transition écologique et de l’Énergie. Agnès Pannier-Runacher a en effet mis dans la balance sa démission du gouvernement si elle n’obtenait pas l’argent nécessaire à une politique d’adaptation et d’atténuation du changement climatique. « Il faut un budget qui soit à la hauteur de la situation et ce n’est pas le cas aujourd’hui », a-t-elle déclaré, interrogée sur BFMTV-RMC. « Je veux surtout travailler à avoir les moyens de mon action (…) si je ne les ai pas, j’en tirerai les conclusions. »
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