Politique

Pourquoi la France ne peut pas encore examiner la demande d’asile de Paul Watson

POLITIQUE – Vouloir n’est pas pouvoir. Le fondateur de Sea Shepherd Paul Watson a demandé ce jeudi 24 octobre la nationalité française. Une requête qui s’ajoute à sa demande d’asile, formulée huit jours plus tôt au président de la République Emmanuel Macron, et qui n’a à ce jour pas reçu de réponse. La faute, selon plusieurs membres du gouvernement, à une question de droit.

Selon la défense du militant écologiste, la demande de nationalité « prend tout son sens quand on réalise que, depuis 1977, il met tout en œuvre pour protéger l’écosystème marin là où la France possède la deuxième façade maritime au monde ». L’argument est aussi avancé dans la lettre de demande d’asile de Paul Watson adressée au chef de l’État, et dans laquelle le militant de 73 ans évoque également sa vie en France, où il est domicilié.

La gauche tente de faire pression

Paul Watson a été arrêté le 21 juillet alors qu’il était en route avec son navire, le John Paul DeJoria, pour intercepter un navire-usine baleinier nippon. Il est depuis placé en détention au Groenland et le Japon, à l’origine des poursuites, réclame son extradition.

Côté politique, la demande d’asile du fondateur de Sea Shepherd a reçu le soutien de la France Insoumise, des Écologistes ainsi que du Parti socialiste, dans une tribune signée par une centaine d’élus socialistes et publiée sur Le HuffPost. La numéro 1 des Verts Marine Tondelier a même évoqué le sujet avec le Premier ministre Michel Barnier lors d’un entretien le 17 octobre pour lui demander de faire remonter le sujet jusqu’au président de la République. « Il s’est engagé à lui en parler et il avait le dossier bien en tête », a expliqué l’écologiste à la presse, après son rendez-vous.

Mais à ce stade, silence radio de l’Élysée qui, contacté par nos soins ce jeudi 24 octobre, n’a pas pour l’heure pas répondu. « Il n’y a pas à ce jour de décision prise », avait reconnu mercredi 23 octobre la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon à la sortie du Conseil des ministres.

Priorité à la libération de Watson avant tout

Cette dernière a également dit « à titre personnel » son « admiration » pour l’action et la cause défendue par Paul Watson. Tout comme la ministre de la Transition Écologique Agnès Pannier-Runacher qui a promis de redire aux autorités danoises que, du point de vue français, « les faits qui lui sont reprochés ne justifient pas une détention ». Pour autant, elle ne s’est pas prononcée sur la demande d’asile, faisant valoir que « le point clé, c’est sa libération ».

Et pour cause : pour être examinée par les autorités françaises, une demande d’asile doit impérativement être formulée depuis le territoire français, a poursuivi la ministre sur franceinfo. Interrogé le 18 octobre sur France Inter, le ministre des Affaires Étrangères Jean-Noël Barrot avait déjà fait valoir cette règle, estimant que dans les conditions actuelles, il lui était « difficile de répondre » sur le cas du défenseur de la vie marine.

« L’Ofpra n’est compétent que pour traiter les demandes d’asile déposées sur le territoire français », précise le site de l’Office Français de protection des réfugiés et apatrides. Les personnes qui se trouvent à l’étranger, comme Paul Watson, peuvent néanmoins solliciter « un visa au titre de l’asile » mais cette demande doit être formulée auprès de « l’ambassade de France ou au consulat français le plus proche » indique l’Ofpra. Ce que ne peut pas faire Paul Watson, actuellement en prison.

Avant Paul Watson, une autre demande d’asile avait mis en lumière cette difficulté juridique : celle du fondateur de WikiLeaks Julian Assange. En mars 2023, alors qu’il était emprisonné au Royaume-Uni et sous le coup d’une demande d’extradition des États-Unis, l’association Robin des lois avait saisi la justice française pour réclamer qu’Assange puisse solliciter l’asile. Cette demande avait été rejetée quelques mois plus tard, au motif que « la circonstance de sa privation de liberté ne permet pas de faire exception à la règle » qui exige « la présence de l’individu requérant sur le territoire national ou de l’Union Européenne ».

Un précédent pas forcément de bon augure pour Paul Watson, dont la détention au Groenland a été prolongée par décision de justice jusqu’au 13 novembre.

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