Ce maire déplore un « séisme » après la suppression de 1 200 postes par Michelin
POLITIQUE – Une « journée noire » pour Vannes. L’annonce par Michelin, ce mardi 5 novembre, de la fermeture de l’un de ses sites emblématiques, qui entraîne la suppression de 300 emplois, a fait l’effet d’une bombe dans cette commune du Morbihan. « Le développement de Vannes a été étroitement lié à l’arrivée de Michelin il y a soixante-trois ans », a rappelé le maire (DVD) David Robo sur France Info.
L’édile parle d’un « séisme pour le territoire » et confie que les salariés, « très attachés à leur outil de travail », sont anéantis. L’élu insiste : « C’est un coup très dur porté à l’économie vannetaise : pendant très longtemps, Michelin a été le premier employeur privé de la ville ».
Le président du groupe de pneumatiques a beau promettre de ne laisser « personne au bord du chemin », pour les ouvriers, le coup est rude. La nouvelle leur a été annoncée sur les coups de 9h, et accueillie par un grand silence. Aucun dirigeant du siège, à Clermont-Ferrand, n’avait fait le déplacement. Certains ont commencé à brûler des pneus et des palettes devant les grilles. L’idée de lancer un mouvement de grève est en discussion. À Cholet (Maine-et-Loire), autre site concerné, le principe d’une grève a été voté.
« Capitalistes voyous »
« Ce sont des capitalistes voyous », s’emporte le maire Gilles Bourdouleix, qui considère que « Michelin va très bien financièrement et gagne beaucoup d’argent ». « Je pense que les Michelin, de génération en génération, doivent se retourner dans leur tombe en voyant la façon dont est gérée leur entreprise aujourd’hui », confie-t-il au micro de France Info. Avant de démolir « la politique nationale catastrophique pour l’industrie française » : il accuse « la France de ne rien faire ».
« On a vu des collègues s’écrouler parce qu’ils étaient encore dans le déni », rapporte à l’AFP Morgane Royer, salariée de Michelin depuis bientôt dix ans, déléguée syndicale Sud. D’ici 2026, ces deux sites qui emploient plus de 1200 personnes fermeront leurs portes. La faute, selon la direction, à un « effondrement » des ventes de pneus pour camions et camionnettes.
« Annonce violente »
Face aux licenciements à venir, élus, locaux comme nationaux promettent de tout faire pour soutenir les salariés éjectés. « Le mythe entretenu par le gouvernement selon lequel sa politique industrielle serait une réussite se fracasse sur le mur de la réalité », s’est agacé le président du groupe communiste à l’Assemblée nationale André Chassaigne.
Le député EPR Denis Masséglia a adressé un courrier à la présidente de la commission des Affaires économiques Aurélie Trouvé (LFI) pour lui demander de « convoquer la direction du groupe Michelin » afin de l’auditionner sur les raisons précises de ces milliers de suppressions d’emplois. Élu à Cholet, il fustige « une annonce violente » pour les salariés et leurs familles et appelle le fabricant de pneumatiques à « mettre en œuvre un plan d’accompagnement à la hauteur de l’engagement des salariés ».
« Cupidité capitaliste »
Le ministre de l’Économie Antoine Armand a dit « regretter » la décision prise par le géant mondial, et concède que ces annonces de suppressions d’emplois sont « éminemment préoccupantes ». L’État veillera à ce que « l’emploi reste au cœur de la stratégie » du groupe et au fait « que la priorité de cette transformation est bien l’emploi », a-t-il confirmé.
Le député LFI Antoine Léaument pointe « la cupidité des capitalistes » et tance notamment des dividendes par action qui « n’ont jamais été aussi élevés », présentant dans la foulée un graphique s’arrêtant en 2023. Il s’agissait effectivement d’une année particulièrement positive pour la firme pneumatique. Sa collègue Clémence Guetté évoque, elle, « 1 200 familles sacrifiées ».
« Michelin affiche 1,98 milliard d’euros net de bénéfice en 2023, et a touché plusieurs dizaines de millions d’euros de financement public via le Crédit d’impôt recherche », martèle le député écologiste du Morbihan Damien Girard, qui espère que ces sommes serviront permettront « d’accompagner décemment les salariés vers un retour à l’emploi ». D’autant que « ce nouveau drame économique, poursuit-il, s’ajoute à d’autres dans l’automobile, la pharmacie, l’agro-alimentaire et aux suppressions d’emplois chez Auchan ».
La liste est longue, en effet. « C’est en tout 180 plans de licenciements et près de 100 000 emplois menacés », a calculé le sénateur communiste Fabien Gay, pour qui « il est urgent d’avoir un moratoire sur les suppressions d’emplois et de conditionner les aides aux entreprises ». Signe que le sujet est pris au sérieux : tous les groupes de gauche représentés à l’Assemblée nationale s’en sont emparés pour interroger le gouvernement sur la façon dont il comptait réagir face à ces drames sociaux qui s’enchaînent.
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