La gauche crie au « coup de force » du gouvernement sur le budget au Sénat et boycotte le vote
POLITIQUE – « Colère » et « déception ». Les sénateurs de gauche ont quitté l’hémicycle du Sénat ce dimanche 1er décembre durant les débats sur le budget de l’État pour 2025, fustigeant un « coup de force » du gouvernement et de la droite sénatoriale, qui ont demandé un nouvel examen de plusieurs dizaines de mesures à la dernière minute. Le Sénat, dominé par la droite, a finalement approuvé en fin de journée, à 200 voix contre 15, la partie recettes du projet de budget, en l’absence de la gauche.
À l’aube d’une semaine à haut risque pour le gouvernement, menacé de censure sur un autre texte budgétaire (le budget de la Sécu), les trois groupes de gauche (socialiste, écologiste, communiste) à la chambre haute ont manifesté leur « colère » en désertant l’hémicycle, quelques heures avant le vote sur la partie recettes du projet de budget de l’État pour 2025.
Les sénateurs de gauche fustigent en effet l’attitude du gouvernement et de la majorité sénatoriale – une alliance droite-centristes – qui ont tous deux demandé la tenue d’une seconde délibération sur plusieurs dizaines de mesures pourtant votées durant la semaine à main levée, le plus souvent contre l’avis de la commission des Finances et du ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin.
« Dans une sorte de réflexe de mauvais perdant, monsieur le ministre, vous réécrivez les dispositions sur lesquelles vous n’avez pas sur convaincre votre majorité », a déploré le socialiste Thierry Cozic. « Votre mépris de la démocratie parlementaire ne nous permet pas de travailler utilement et nous en tirons la seule conséquence qui s’impose », a-t-il poursuivi, annonçant que le groupe socialiste quittait la séance.
Le gouvernement défend son approche
« On vient d’inventer un nouvel outil : le 49.3 sénatorial, a ensuite déclaré le sénateur socialiste auprès de l’AFP. On passe des heures, jour et nuit, à voter des mesures, trouver des compromis. Et d’un revers de main, les délibérations sont balayées. C’est un vrai problème démocratique dans une période économique et sociale grave ».
L’écologiste Thomas Dossus dénonce également un « coup de force supplémentaire ». Une position partagée par le communiste Pascal Savoldelli, qui a indiqué à son tour : « ce gouvernement est minoritaire. Il a fait le choix de plutôt se tourner sur sa droite et son extrême droite en réfutant tous les arguments de la gauche et il est en train de s’apercevoir que cela ne va rien changer à l’attitude du Rassemblement national », qui le menace de censure.
« Ce n’est en rien un déni de démocratie », a insisté pour sa part Laurent Saint-Martin. « Il s’agit de reposer la question de l’équilibre financier », a-t-il ajouté. Selon les estimations du gouvernement, le budget tel que modifié par le Sénat, sans rectifications, aurait aggravé le solde budgétaire de 5,8 milliards d’euros. Un impact jugé incompatible avec la recherche de 60 milliards d’euros d’économies, fixée par l’exécutif.
« On veut une copie qui ne soit pas dégradée à l’issue des débats », a confirmé à l’AFP la cheffe de file des Républicains sur le budget, Christine Lavarde. Cette seconde délibération a ainsi permis de rouvrir de nombreux débats sensibles, notamment sur le prix de l’énergie, l’une des lignes rouges du Rassemblement national dans sa menace de censure.
Le Sénat avait déjà supprimé la possibilité pour le gouvernement d’augmenter la fiscalité sur l’électricité au-delà de son niveau d’avant-crise énergétique, devançant l’annonce de Michel Barnier sur le même sujet. Mais la droite sénatoriale avait compensé cette mesure par une hausse de la taxe sur le gaz, un dispositif qu’elle a finalement accepté de supprimer dimanche, à la demande du gouvernement.
Plusieurs sénateurs de gauche n’ont pu s’empêcher d’y voir des « gages » donnés au RN, alors que Marine Le Pen avait fait part ces dernières heures de son opposition à cette mesure.
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