Politique

Les insoumis de plus en plus isolés à gauche sur l’après Barnier

POLITIQUE – Panser le jour d’après. Comme attendu, le gouvernement de Michel Barnier a été renversé, ce mercredi 4 décembre en début de soirée, après le vote d’une motion de censure déposée en réaction au 49.3 sur le budget de la Sécurité sociale. Les députés du Rassemblement national ont joint leurs voix à celles du NFP pour mettre fin au bail du Savoyard à Matignon.

Un dernier baroud d’union pour le Nouveau Front populaire ? La question se pose, tant l’alliance des partis de gauche, qui revendiquait Matignon après sa victoire (d’une courte tête) aux législatives anticipées, est de nouveau menacée par le spectre des divisions. Et pour cause : deux lignes s’affirment pour construire la nouvelle ère qui s’ouvrira en cas de départ du Premier ministre.

Des différences de vues stratégiques, entre socialistes et insoumis notamment, qui tendent à isoler le mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon, toujours attaché à la figure de Lucie Castets et intransigeants sur le programme originel du Nouveau Front populaire. Ailleurs, le ton change quelque peu, avec des partis qui semblent tendre la main, au centre notamment.

Négocier une « non-censure » ?

Le Parti socialiste a été le premier à envoyer des signes hors de la gauche. Dix jours avant la motion de censure, le président du groupe PS à l’Assemblée nationale Boris Vallaud annonçait vouloir proposer aux différents partis représentés au Palais Bourbon (à l’exception du RN) « de poser la question des conditions d’une non-censure », le cas échéant, reprenant ainsi une idée martelée depuis l’été par son collègue Philippe Brun. « Nous sommes prêts à des compromis texte par texte, nous sommes prêts à discuter des priorités de politique budgétaire », assurait Boris Vallaud dans Questions politiques sur France Inter et franceinfo.

Une position répétée depuis par les différents dirigeants des rose. Ce mercredi, le premier secrétaire Olivier Faure prônait encore sur BFMTV la nomination d’un Premier ministre partageant les valeurs de la gauche et qui renoncerait au 49.3 « en échange d’un accord de non-censure ».

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Dans ce contexte de bascule politique, les socialistes ont été rejoints par les écologistes et les communistes. Sans le dire, les deux formations plébiscitent peu ou prou la même logique, qui vise à nouer un accord de « non-censure » avec le camp présidentiel, autour de « priorités » ou « lignes rouges », selon les différents vocables. Quitte à ne plus poser la nomination de Lucie Castets à Matignon comme préalable aux discussions. Une nouveauté majeure quand la principale concernée dit, elle aussi, ne pas en faire une « question personnelle. »

Du côté des Verts par exemple, les députés ont annoncé ce mercredi 4 décembre un « socle de onze mesures prioritaires » qui doivent servir de « point de départ » pour la formation d’un gouvernement de gauche. Ils annoncent également dans les colonnes du Monde que ce gouvernement s’engagerait à ne pas recourir à l’article 49.3 de la Constitution et chercherait à obtenir la bienveillance des partis du camp présidentiel et des Républicains pour qu’ils ne le renversent pas. Une ligne bien plus proche de celle du PS que des insoumis.

LFI pousse Castets à Matignon

Face à ce changement de ton du Parti socialiste, les élus du mouvement de gauche radicale dénoncent, selon les mots du patriarche Jean-Luc Mélenchon, « l’organisation d’un nouveau socle commun » avec les macronistes, à la place de l’actuelle alliance du NFP.

Or, pour les dirigeants LFI, deux solutions sont possibles pour sortir de la crise après la censure de Michel Barnier : la démission du président de la République et une élection présidentielle anticipée subséquente à laquelle Jean-Luc Mélenchon se voit bien concourir. Ou la nomination de Lucie Castets à Matignon, la candidate désignée par les quatre partis l’été dernier, pour y appliquer le programme du Nouveau Front populaire. Et puis c’est tout.

Mardi, la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale Mathilde Panot expliquait par exemple en conférence de presse qu’un « un accord de non-censure » serait « de fait, une forme d’alliance gouvernementale avec les macronistes. » « Dans le cas où il y aurait un tel accord, il y aurait alors une rupture avec le Nouveau Front populaire, et j’ose espérer que personne n’ira jusque-là », avançait-elle, en appelant ses partenaires à rejoindre la position de son groupe : « Un gouvernement NFP, avec le programme du NFP. »

Ici, pas de « compromis », comme les socialistes l’envisagent notamment, mais « des majorités texte par texte » à l’Assemblée, sur l’abrogation de la réforme des retraites par exemple. Une ligne de fracture qui peut fragiliser l’avenir de l’alliance. Ceci, à condition qu’Emmanuel Macron envisage de tourner son gouvernail vers la gauche. Ce qui n’est pas franchement le plus probable.

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