Macron ne veut pas d’un « arc de gouvernement », mais la recomposition de son bloc central
POLITIQUE – Les amateurs d’éléments de langage ont été servis. « Front antirépublicain », « gouvernement d’intérêt général »… Emmanuel Macron a déballé durant son allocution du jeudi 5 décembre une série de formules censées marquer les esprits. Une en particulier a retenu l’attention, puisqu’elle trace le périmètre des consultations qui s’ouvrent ce vendredi 6 à l’Élysée : « arc de gouvernement ».
Soit, pour Emmanuel Macron, une coalition de gens raisonnables capables de former un « gouvernement resserré », loin des « irresponsables » qui ont fait chuter Michel Barnier. Le chef de l’État n’a pas cité de partis politiques, mais le contour des invitations lancées dans le but d’aboutir à une solution de rechange permet de se faire une idée précise de ce qu’il a en tête.
Ce vendredi, il reçoit les responsables de son camp (Renaissance, MoDem et Horizons) ainsi que deux autres forces estampillées opposition au moment des législatives : le Parti socialiste et Les Républicains. Les Écologistes, qui ont pourtant participé au « front républicain » (à l’inverse de LR) et dont la cheffe, Marine Tondelier, a tendu la main à l’exécutif ? Snobés. Les communistes, qui ont aussi participé au barrage face au Rassemblement national en juillet dernier ? Également ignorés.
La raison de cette non-invitation n’est pas à aller chercher du côté des propositions de chacun ou des votes des groupes communistes et écologistes. Elle est purement arithmétique. Sortons la calculatrice. Additionnées, les forces du camp présidentiel pèsent 163 députés. Si on ajoute les socialistes, le socle monte à 229. Complétons avec les troupes de Laurent Wauquiez : 276 députés.
Configuration baroque
Dans ce contexte, embarquer les centristes du groupe Liot – qui plaident pour un « gouvernement d’urgence nationale » et dont un seul député a voté la censure – ne devrait pas être trop difficile. Voilà 23 élus supplémentaires. Et une jauge désormais établie à 299 députés. Soit 10 sièges de plus que le seuil de la majorité absolue. De quoi soulager Emmanuel Macron et son futur gouvernement qui, enfin, pourraient compter sur un soutien solide au Palais Bourbon. On respire rue du Faubourg Saint-Honoré.
D’autant que cette configuration baroque présenterait un avantage considérable pour le chef de l’État. Au sein de cette coalition, le bloc des macronistes serait en effet le mieux doté en nombre d’élus, ce qui serait moins évident s’il consentait à arrimer les écologistes et les communistes. Son camp conserverait ainsi la haute main sur les arbitrages politiques, économiques et budgétaires. Au placard les hausses d’impôts sur les plus riches réclamées par la gauche. À la corbeille les injonctions à revenir sur la réforme des retraites. Le Parti socialiste ne serait là que pour rosir la politique gouvernementale. Les Républicains viendraient quant à eux muscler la proposition régalienne de l’exécutif et l’aider à tailler dans les dépenses de l’État.
Une sorte de dépassement XXL qui, luxe ultime en macronie, marginaliserait autant La France insoumise que le Rassemblement national, bien impuissants dans une telle configuration. Ce n’est pas encore le parti unique, mais ça y ressemble. Et qui de mieux placé pour diriger ce bloc central élargi qu’une personnalité issue de ses plus fidèles ? Les premiers noms qui circulent sont François Bayrou ou le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.
Hélas pour Emmanuel Macron, cette solution miracle n’existe, pour l’instant, que dans son esprit. Car, pour l’heure, il n’y a pas de monde où les modérés des deux rives jouxtant son bloc central ont l’intention de s’entendre. Dans un tweet, le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, appelle la droite à refuser toute « compromission » avec les socialistes qui ont voté la censure. Voilà qui commence bien.
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