Politique

Cet épisode de la carrière de François Bayrou ne passerait plus aujourd’hui

POLITIQUE – Matignon ou Mati-gnons ? Après plusieurs jours de suspense, c’est son allié historique qu’Emmanuel Macron a choisi de nommer au poste de Premier ministre pour remplacer Michel Barnier. François Bayrou devrait officiellement prendre les commandes du gouvernement d’ici la fin de journée. Si le RN dit ne pas vouloir censurer a priori le nouveau Premier ministre, LFI ne laisse guère de doute sur le sort qu’elle lui réserve.

Pour justifier, en partie, cette censure immédiate, le député insoumis de Paris, Rodrigo Arenas a rappelé au bon souvenir des internautes une scène qui s’est déroulée en pleine campagne présidentielle de 2002.

Ce 9 avril, le président de l’UDF qui veut succéder à Jacques Chirac à l’Élysée déambule dans un quartier de Strasbourg, sous les caméras de France 3. Et puis tout d’un coup au milieu du bain de foule, le candidat se retourne brusquement et assène une gifle à un enfant qui se trouvait derrière. « Tu ne me fais pas les poches », lance-t-il en pointant du doigt le garçon âgé d’une dizaine d’années. Sur le moment, les esprits s’échauffent un peu.

La scène donne immédiatement lieu à des débats sur l’autorité parentale. Le candidat qui se défend en disant avoir agi « en père de famille » s’en retrouve plutôt applaudi dans le brouhaha médiatique.

François Bayrou lui-même n’entend nullement renier son geste, au point de susciter l’agacement de la mère du garçon en question. « Yacine c’est un petit démon (…) D’accord, il a fait une bêtise. Mais que M. Bayrou arrête de critiquer les parents (…) Lui dit qu’il est un père exemplaire. Mais qu’est-ce qu’il en sait de nous ? Les gens l’applaudissent parce que, pour eux, c’est un petit Arabe qu’on a giflé », fulmine-t-elle dans Libération.

Le Modem utilise la gifle de Bayrou pour une loi

Autre temps, autre mœurs. Et surtout ironie de l’histoire. En 2018, c’est le MoDem qui a porté le projet de loi visant à interdire les châtiments corporels sur les enfants. Lors du débat en commission l’époque, le député LR Julien Dive n’avait pas manqué de relever la cocasserie, comme l’avait d’ailleurs repéré Le HuffPost dans la vidéo ci-dessous.

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Lors de cette séquence, la rapporteure du texte Maud Petit avait répliqué par une pirouette, jugeant que « CQFD, au Modem nous avons testé la gifle. Nous avons constaté que ça ne marche pas ». Ajoutant que le petit garçon giflé était devenu un délinquant. La loi interdisant les châtiments corporels sera, elle, finalement promulguée en 2019 et François Bayrou aura l’occasion de revenir une nouvelle fois sur le juillet en juillet 2023 sur LCI. « Je ne défends pas les claques, ni les fessés, je défends l’autorité des parents », déclare-t-il alors.

Une mise au point insuffisante pour certains, à l’instar donc de l’insoumis Rodrigo Arenas, ou encore de Lyes Louffok, militant contre les violences infantiles et par ailleurs candidat LFI pour la législative partielle à venir en Isère. Le premier estime qu’avec sa gifle François Bayrou a « banalisé les violences intrafamiliales », quand le second juge qu’avec sa nomination « la lutte contre les violences faites aux enfants vient de prendre une gifle ».

La Fondation pour l’enfance rappelle, elle, régulièrement que ces actes ne sont pas anodins et ont des conséquences sur « les compétences cognitives de l’enfant, mais aussi ses compétences sociales et sa capacité à réguler ses émotions ».

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