Politique

Les socialistes sont loin d’avoir été convaincus par leur rendez-vous avec Bayrou

POLITIQUE – Peut mieux faire. Alors qu’il a entamé de premières consultations comme Premier ministre, François Bayrou peine à s’imposer, et ce alors que le patron du MoDem devra faire ses preuves s’il ne veut pas subir le même sort que son prédécesseur, Michel Barnier, renversé par l’Assemblée après seulement trois mois de travail.

En l’occurrence, en sortant du rendez-vous à Matignon ce lundi 16 décembre, le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a expliqué être « resté sur sa faim ». « Nous n’avons pas encore d’indications précises sur la façon dont le Premier ministre entend gouverner », a-t-il développé, entouré des deux présidents de groupe PS à l’Assemblée et au Sénat, Boris Vallaud et Patrick Kanner.

Les trois hommes ont ainsi quitté la rue de Varenne avec autant de doutes et de questions qu’à leur arrivée. Depuis plusieurs jours, les socialistes se gargarisent d’accepter le dialogue avec le pouvoir macroniste pour, disent-ils, « arracher des victoires » là où ils le peuvent. Une façon de se détacher de La France insoumise, qui pratique de son côté la politique de la chaise vide. « L’échec de Barnier nous oblige, a rappelé Patrick Kanner. Nous autres, socialistes, n’avons pas la censure automatique comme LFI ».

Sauf que la volonté de dialogue semble pour l’instant ne mener nulle part. Aucune trace d’un embryon d’accord de non-censure, ni contours d’une feuille de route qui reprendrait certains points essentiels aux yeux des socialistes (retraites, pouvoir d’achat, emploi). Olivier Faure a beau avoir salué « un échange sérieux et cordial » à sa sortie de Matignon, force est de constater que celui-ci n’a abouti à rien. « Au stade où nous nous parlons, nous n’avons rien signé », a confirmé le Premier secrétaire, expliquant que le pacte de non-censure proposé par la gauche, qui consisterait à ne pas censurer le gouvernement à condition que ce dernier renonce à recourir au 49-3, n’a pas été formellement accepté.

« Rentrer à la maison »

Le Premier ministre refuse toujours de dévoiler son jeu ; sans doute réserve-t-il la primeur de ses annonces à l’Assemblée, devant laquelle il répondra ce mardi 17 décembre à une séance de « questions au Premier ministre » avant d’y prononcer un discours de politique générale au retour des vacances de Noël. « Si c’est pour avoir la même politique [qu’Emmanuel Macron], les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous sanctionnerons de la même façon », promet pour l’heure le patron des socialistes.

En attendant, tous conviennent qu’il faudra « d’autres rendez-vous » pour réussir à se mettre d’accord. Malgré certaines positions loin d’être antinomiques (François Bayrou avait appelé à voter François Hollande au second tour de l’élection présidentielle de 2012), les socialistes et le Béarnais ne parlent pas tout à fait le même langage. Depuis 2017, le patron du MoDem est fortement lié à Emmanuel Macron et a accompagné l’ensemble des réformes (retraites, immigration, Code du travail…), quand le parti à la rose demeure dans l’opposition.

« Olivier Faure comprend qu’il va falloir rentrer à la maison », a aussitôt commenté le député LFI Paul Vannier, en référence à la formule lancée la semaine dernière par Jean-Luc Mélenchon de « revenir à la raison et à la maison ». La maison étant la gauche. Et l’opposition frontale au Premier ministre nommé par Emmanuel Macron.

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