Cet ancien ministre de l’Intérieur conseille désormais Shein
POLITIQUE – L’annonce date du 6 décembre. Mais il a fallu que le site spécialisé, La Lettre, s’en rende compte pour que celle-ci soit mise en pleine lumière ce vendredi 20 décembre. Ancien ministre de l’Intérieur, devenu président du conseil de surveillance du Grand port maritime de Marseille (GPMM), et de celui d’Autoroutes et Tunnel du Mont Blanc (ATMB), Christophe Castaner est désormais conseiller du géant chinois de la fast fashion, Shein.
Prisée des adolescents (mais pas que) pour ses vêtements proposés à des prix très bas, la marque est également pointée du doigt pour son impact environnemental désastreux et les accusations de travail forcé des Ouïghours. Ainsi, pour répondre à ces critiques, Christophe Castaner a été nommé (avec d’autres) au sein d’un « comité régional », qui a vocation à conseiller le géant chinois sur la question de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
Dans son communiqué, Shein se félicite de ce profil. « Il est reconnu pour sa grande expérience de l’administration publique, de la gouvernance et de la planification stratégique, ainsi que pour sa connaissance du territoire », souligne l’entreprise chinoise, qui rappelle que l’ancien patron du groupe LREM à l’Assemblée nationale est désormais un « acteur majeur du secteur des transports internationaux » en raison de la fonction qu’il occupe au Port de Marseille. En 2023, Christophe Castaner avait lancé une entreprise de conseils, baptisée Villanelle Conseil. Ce qui, dans le langage du lobbying, se dit « cabinet spécialisé en conseil en affaires publiques, affaires gouvernementales et relations institutionnelles ».
Un rôle de lobbyiste ?
Or, comme le souligne La Lettre, l’ancien ministre n’est pas jusqu’ici connu pour son expertise en matière de RSE (à l’inverse de cabinets de conseil spécialisés sur le sujet). Pas plus que Villanelle Conseil qui, dans sa description sur LinkedIn, propose des « stratégies d’affaires publiques, de relations institutionnelles, de gestion de crise ou encore de communication corporate ». Ce qui laisse penser que Christophe Castaner (qui a récemment conduit une délégation de parlementaires et d’entrepreneurs français en Chine à l’occasion d’un voyage payé par Pékin) a possiblement été sollicité pour sa proximité avec le chef de l’État et son épais carnet d’adresses politique, dans un contexte où une proposition de loi « visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile » attend d’être mise à l’examen au Sénat après un vote favorable à l’Assemblé. Un texte qui, en l’espèce, menace les intérêts de Shein. Auprès du média spécialisé, Christophe Castaner jure qu’il ne remplira pas une mission de lobbyiste.
Reste qu’au mois de novembre 2021, celui qui était alors président du groupe LREM à l’Assemblée nationale appelait pourtant à faire du made in France « notre priorité » en matière textile. « Dans ce combat que nous menons pour notre souveraineté, nous devons tous être acteurs : pouvoirs publics comme consommateurs », affirmait-il. L’archive a mal vieilli.
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