Santé

Symptômes, traitement, risques… Ce qu’il faut savoir sur le scorbut

SANTÉ – Historiquement, la « peste des mers » touchait les marins partis de long mois en mer. Mais si l’on croyait le scorbut quasiment disparu des pays industrialisés, une étude parue le 6 décembre dernier dans la revue médicale The lancet montre qu’en France, le nombre de cas chez les plus jeunes a augmenté significativement ces dernières années, notamment depuis la pandémie de Covid-19.

Pour expliquer cette résurgence, les auteurs de l’étude pointent le lien avec les disparités socio-économiques et l’augmentation des inégalités. Le HuffPost vous en dit plus sur cette maladie qui a touché pas moins de 532 enfants entre 2020 et 2023 en France.

• Qu’est-ce que le scorbut ?

Le scorbut est une maladie grave liée à un déficit d’acide ascorbique, autrement dit de vitamine C, et est donc causée par un déficit dans l’alimentation. Le corps humain n’est pas capable de produire de la vitamine C lui-même et a en effet besoin d’apports. La vitamine C permet notamment la biosynthèse et le maintien du collagène, protéine très importante pour la cohésion de la peau et des vaisseaux sanguins, et la bonne santé des os.

Comme le souligne France Culture, le scorbut est identifié au moment des grandes expéditions maritimes à partir du XVe siècle. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la maladie fait des ravages chez les marins privés de fruits et de légumes lorsqu’ils naviguent. Tiré des langues scandinaves, le nom même de la maladie signifie « ulcère de la bouche », qui en est un des principaux symptômes. Les navigateurs découvrent à l’époque l’importance de faire escale sur certains territoires (notamment tropicaux) pour se ravitailler en fruits.

• Quels sont les risques ?

Il suffit d’un à trois mois avec des apports en vitamine C très déficients (en dessous de 10 mg par jour) pour déclarer le scorbut, précise l’étude du Lancet. Cette vitamine trouve dans les agrumes, les pommes de terre, les épinards, les fraises, le chou-fleur et le brocoli par exemple. Une clémentine de 100 g en contient une quarantaine de mg, une orange un peu plus. Chez les nourrissons, le lait maternel remplit cette fonction.

Si à l’époque où la maladie faisait des ravages, les marins mourraient régulièrement du scorbut, aujourd’hui, les symptômes peuvent aisément être identifiés. Parmi ceux-ci, il y a des douleurs osseuses, des plaies (dans la bouche notamment) ne cicatrisant pas, des saignements notamment sous la peau et autour des gencives, une peau devenue sèche. Les cheveux s’accèchent aussi et s’enroulent sur eux-mêmes, les gencives gonflent et les dents peuvent même se déchausser, décrie le Manuel MSD. Le scorbut peut provoquer de l’anémie et favoriser les infections.

• Comment traiter le scorbut ?

Le diagnostic du scorbut se base sur ces différents symptômes, mais il est aussi possible de réaliser des analyses de sang, voir des radiographies chez l’enfant. Un bilan nutritionnel permet souvent de se rendre compte que les apports en vitamine sont incomplets.

Puisque le problème vient de l’alimentation, le scorbut se soigne en adoptant un régime alimentaire riche en fruits et légumes frais. Des compléments de vitamine C à doses élevées sont également utilisés. C’est dans la plupart des cas une maladie qui se soigne en quelques semaines. Certaines personnes, comme les femmes enceintes ou allaitant ou les fumeurs, ont des besoins en vitamine C plus importants.

• Les causes de cette résurgence en France

L’étude menée par des pédiatres de l’hôpital Robert-Debré et des chercheurs de l’Inserm et des universités de Paris Cité et de Guyane, pointe du doigt les causes sociales et économiques du scorbut. Après mars 2020, date du premier confinement, le taux d’hospitalisation d’enfants atteints du scorbut s’est accéléré.

« On craint de plus en plus que les défis socio-économiques posés par la pandémie aient augmenté le coût des aliments, limitant l’accès à des aliments frais et variés et conduisant potentiellement à une augmentation des taux de scorbut et de malnutrition », alerte l’étude, même si les liens entre les deux ont encore été peu étudiés. « On a vu la précarité s’aggraver depuis la pandémie. Des infirmières nous signalent de plus en plus souvent des familles qui n’ont pas mangé faute de moyens », complète Ulrich Meinzer, chef de service à Robert-Debré dans les colonnes de Libération.

La maladie peut-être liée à l’inflation et à la précarité, mais aussi à de mauvaises habitudes alimentaires. Au CHU de Montpellier, un chef de service en pédiatrie décrit à nos confères de Libé le cas d’un adolescent atteint du scorbut et qui ne pouvait plus se déplacer à cause de fortes douleurs articulaires. Il ne mangeait « que des pâtes et des Danette ». Les personnes souffrant de troubles alimentaires comme l’anorexie peuvent également être touchées.

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