Bruno Le Maire profite (encore) du dérapage des finances pour tacler la classe politique
POLITIQUE – Il n’en a pas perdu une miette. Passé relativement inaperçu avec la conférence des finances publiques lancée par l’exécutif, le rapport d’enquête sur le dérapage des finances publiques et les raisons d’un déficit à près de 6 % en 2024, a été rendu public ce mardi 15 avril. De quoi achever les semaines de travaux et les nombreuses auditions conduites par Éric Ciotti et Mathieu Lefèvre, tous deux co-rapporteurs, et d’Éric Coquerel, président de la commission des finances.
Ministre de l’Économie pendant sept ans, Bruno Le Maire qui avait été interrogé à l’Assemblée et au Sénat lors de séquences particulièrement houleuses, ne cachait pas sa satisfaction dès mardi soir dans les colonnes du Figaro, face à un rapport qui selon lui, lui « rend justice » et « rétablit la vérité », hors toutefois les « commentaires politiques annexes ».
Comme il l’avait fait justement lors de ses auditions, l’ex-patron de Bercy a défendu des mesures prises rapidement. « Je n’ai pas hésité à prendre des décisions difficiles pour faire les économies nécessaires en 2024 », assure-t-il, précisant qu’on « peut toujours faire mieux » si « on vous donne les moyens de faire mieux ».
Et de fustiger à nouveau, comme en décembre dernier face à Éric Coquerel et Éric Ciotti ; le reste de la classe politique : « J’ai dû faire face à l’hypocrisie totale de la classe politique qui ne cesse de réclamer des économies mais ne dit jamais ni où, ni comment, ni quand… toutes celles que j’ai proposées ont été critiquées et rejetées par les oppositions ». Bruno Le Maire prédit d’ailleurs les mêmes difficultés à François Bayrou dont la méthode est « bonne » mais « pas nouvelle ».
Le rapport ne tranche pas sur la responsabilité politique
De fait, le rapport ne tranche pas en matière de responsabilité politique, et les deux co-rapporteurs ont des visions radicalement opposées. Éric Ciotti, allié de Marine Le Pen, assure dans une lourde charge de sa contribution que le gouvernement « a volontairement dissimulé » certaines informations et évoque même une constance dans « l’irresponsabilité » des gouvernements successifs. Alors que de son côté, Mathieu Lefèvre, proche de Bruno Le Maire, met en avant « une défaillance technique lourde », une « erreur d’évaluation des recettes (…) imputable aux administrations centrales », alors que le gouvernement « a pris en temps et en heure toutes les mesures de redressement nécessaires ».
Au cœur de ce creusement spectaculaire, le rapport évoque un dérèglement des modèles dans un contexte de crises successives, Covid, Ukraine… Ainsi, les services de Bercy ont surestimé leurs prévisions de recettes fiscales qui, plus faibles qu’escomptées, ont engendré des « moins-values » considérables pour les finances publiques : 20,7 milliards d’euros en 2023 et 40,1 milliards d’euros en 2024.
Dans ses conclusions, il recommande de renforcer la transparence vis-à-vis du Haut conseil des finances publiques (HCFP), consulté pour avis sur les prévisions, et des présidents des commissions des Finances du Parlement, en leur donnant accès aux notes des services de Bercy adressées aux ministres. Bruno Le Maire livre, lui, dans Le Figaro, une vision plus… politique : « la leçon globale qu’il faut tirer de cette affaire est que nous avons besoin d’une gouvernance des finances publiques infiniment plus rapide et plus resserrée ».
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