Où trouver 40 milliards ? Le socle commun récidive dans la cacophonie
POLITIQUE – François Bayrou et les 40 milliards. En annonçant, ce week-end, un effort de 40 à 50 milliards d’euros supplémentaire pour le budget 2026 « sans augmenter les impôts », le gouvernement a de nouveau ouvert la voie à la cacophonie. Chacun, y compris au sein du socle commun, y allant de ses préférences et de son protocole pour soigner ce que François Bayrou a qualifié dimanche de « pathologies » des finances publiques.
Même au sein de l’exécutif, les docteurs Lombard et de Montchalin ne semblaient pas exactement accordés, ce dimanche, sur la bonne marche à suivre, comme l’ont repéré nos confrères de Politico. Le premier, qui a généré quelques crispations la semaine dernière en laissant la porte ouverte à des hausses d’impôts, évoquait ce dimanche une nécessaire pérennisation de la contribution sur les plus hauts revenus. Sauf que de son côté, la ministre des Comptes publics préférait cibler la suroptimisation fiscale et les niches fiscales.
Une question de vocabulaire ? Le cabinet d’Eric Lombard a finalement précisé, après coup, qu’il était bien question de « transformer la contribution différentielle sur les hauts revenus présente dans le budget 2025 en un outil de lutte contre les suroptimisations fiscales ». Une nuance finalement plutôt légère au regard des autres pistes bigarrées avancées par les alliés du socle commun.
Plutôt réforme du chômage, de la retraite, ou temps de travail ?
Retraités, réforme du chômage, allongement du temps de travail… Ce dimanche soir et ce lundi matin ont signé le retour des idées et des propositions en pagaille. À Renaissance par exemple, on plaide pour remettre sur la table la réforme de l’assurance chômage qu’avait lancée Gabriel Attal lors de son passage à Matignon. « C’est en travaillant plus et mieux que l’on assurera la pérennité de notre modèle social, pas en augmentant indéfiniment les impôts », a défendu le député Mathieu Lefèvre. Il n’est pas le seul à pousser la piste de l’emploi : Marc Ferracci, macroniste de premier plan et actuel ministre de l’Industrie, veut aller encore plus loin sur l’âge de départ à la retraite : « Quand vous êtes plus nombreux à travailler il y a des rentrées fiscales plus importantes ».
Une finalité du travail défendu également chez leurs alliés des Républicains, mais pas forcément avec les mêmes modalités. Le député Philippe Juvin, et Florence Portelli, vice-présidente de LR, ont ainsi appelé à « travailler plus » mais semblaient plutôt viser le temps de travail hebdomadaire. « Moi j’ai une vraie interrogation sur le temps légal de travail dans ce pays », a fait mine de s’interroger Florence Portelli, tout en appelant à baisser la dépense publique mais « pas de manière comptable » et pas « sur le dos des collectivités ».
Plus surprenant, Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’Assemblée, n’excluait pas de faire contribuer les retraités eux-mêmes. Une piste qui a toujours suscité de l’urticaire en Macronie. L’ancien ministre de l’Agriculture a notamment suggéré de ne plus indexer les très grosses retraites sur l’inflation. « Cela ne me choque pas, je suis sûr que les retraités peuvent comprendre cette part de l’effort sur une durée limitée », a assuré Marc Fesneau. Selon BFMTV, la piste n’est pas écartée par le gouvernement qui lorgne aussi du côté de l’abattement fiscal auquel les retraités ont droit.
François Bayrou donnera-t-il ses arbitrages à l’occasion de la grande conférence sur les finances publiques prévue ce mardi 15 avril ? Rien n’est moins sûr. « Ce moment-là sert à la fois à dire où on en est et où on veut aller. Après, il y aura trois mois, trois mois et demi, de mise au point, d’avancée, vers des décisions », a prévenu le Premier ministre dans Le Parisien. Le concert de voix dissonantes devrait durer encore un moment au sein du socle commun.
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