Economia

Von der Leyen donne une première réponse aux droits de douane de Trump (et ne sort pas encore le « bazooka »)

ÉCONOMIE – Visiblement, l’UE a décidé de se comporter vis-à-vis des États-Unis comme il est d’usage de le faire sur les réseaux sociaux : don’t feed the troll. Soit en français : ne nourrissez pas les trolls en répondant à leurs provocations. Ce lundi 7 avril, la présidente de la Commission européenne a dévoilé la première réponse proposée par l’UE aux États-Unis, alors que Donald Trump a lancé la semaine dernière une véritable guerre commerciale en augmentant les droits de douane dans le monde entier.

Pour commencer, l’Union européenne a proposé aux États-Unis une exemption de droits de douane totale et réciproque pour les produits industriels, a annoncé Ursula von der Leyen. « L’Europe est toujours prête à conclure un bon accord », a-t-elle déclaré, soulignant par là même la stratégie qui prédomine à Bruxelles : d’abord négocier et ensuite répliquer si les discussions n’aboutissent pas. Ce que n’a pas manqué de rappeler la présidente de la Commission en soulignant que l’UE était également prête « à répondre par des contre-mesures ».

L’UE entre négociations et « agressivité »

Les « droits de douane nuls » évoqués par Ursula von der Leyen pour les produits industriels font écho à la proposition samedi du milliardaire américain Elon Musk d’une « zone de libre-échange » entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Membre de l’administration Trump, le patron de Tesla est confronté à la chute des ventes de ses véhicules électriques dans le monde.

Et même si le ministre français du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a salué la proposition d’Elon Musk dans le week-end, il fait aussi partie de ceux dont le verbe est particulièrement haut depuis les annonces fracassantes du président américain.

Ce lundi matin encore, tout en insistant sur le besoin de miser « sur la coopération » il maniait le bâton en mettant en garde contre une réponse européenne qui pourrait être « extrêmement agressive ». « Il ne faut exclure aucune option, sur les biens, sur les services (américains) et ouvrir la boîte à outils européenne qui est très complète, qui peut être extrêmement agressive également en retour », faisait-il valoir avant d’évoquer « l’instrument anti-coercition », qui permettrait notamment le gel de l’accès aux marchés publics européens ou le blocage d’investissements. Le ministre allemand de l’économie, Robert Habeck, a lui souligné que l’Europe devait être prête à utiliser ce « bazooka » de l’instrument « anti-coercition ».

Une différence de ton avec les annonces d’Ursula von der Leyen que la cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen n’a pas tardé à tancer, en pointant du doigt « une cascade » à ne pas reproduire « chez soi ». L’eurodéputée LFI, Manon Aubry, a de son côté accusé la commission européenne de « céder au chantage de Trump » en lui faisant « un pont d’or ».

Donald Trump met aux enchères les négociations

Et de fait, si les Européens ont tout intérêt à afficher leur unité face à cette menace de guerre commerciale, l’enjeu n’est pas exactement de la même ampleur pour tout le monde. Ce qui explique aussi que le ton sur les possibles représailles européennes diffère selon les États membres. L’Irlande, dont le pays dépend fortement des investissements américains dans les secteurs pharmaceutique et technologique, n’est pas particulièrement encline à cibler la tech. « Ce serait une escalade extraordinaire à un moment où nous devons travailler à la désescalade », a mis en garde le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Harris.

Ce n’est dans tous les cas que le début de discussions qui s’annoncent particulièrement longues. « Ce n’est pas le genre de choses que vous pouvez négocier en quelques jours ou quelques semaines », a prévenu le ministre américain des Finances Scott Bessent sur la chaîne NBC. Quand Donald Trump, qui a tout intérêt à parler à des Européens divisés, a lui mis aux enchères sa capacité d’écoute : les Européens « veulent discuter, mais il n’y aura pas de discussion tant qu’ils ne nous donneront pas beaucoup d’argent sur une base annuelle ». Avis aux plus offrants.

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