Politique

Une tendance « inadmissible » : face à SkinnyTok, le gouvernement saisit l’Arcom

RÉSEAUX SOCIAUX – Une tendance « inadmissible » qui « promeut la maigreur extrême ». Voilà comment la ministre chargée du Numérique Clara Chappaz présente « Skinnytok » ce vendredi 18 avril, très en vogue sur TikTok. Face à cette mode dangereuse pour la santé, qui rivalise de phrases violentes pour inciter les utilisatrices, notamment les plus jeunes, à perdre du poids, la ministre a annoncé avoir saisi l’Arcom et la Commission européenne.

« Je fais de la protection des mineurs en ligne une des priorités de mon action », explique-t-elle dans une vidéo postée sur LinkedIn, assurant qu’elle ne « laisserai(t) pas les plateformes fuir leurs responsabilités ». Parmi les exemples de conseils donnés aux adolescentes, Clara Chappaz en a relevé certains particulièrement mensongers et nocifs : « Si ton estomac gargouille, c’est toi qui t’applaudis » ou « Tu préfères être jolie et mince ou rassasiée et immonde ».

D’autres commentaires tout aussi choquants ont été remarqués par les internautes : « Ramène-moi au temps où l’industrie de la mode préférait les poupées grandes et minces » ou « si tu veux perdre du poids, mais que tu n’arrives pas à atteindre tes objectifs, lève-toi de ton canapé et va au sport. Est-ce que tu veux encore te cacher sous un paréo à la plage ? »

Destinées à de jeunes filles pas forcément très à l’aise dans leur corps, et complexées par les métamorphoses liées à l’adolescence, ces capsules vidéos peuvent favoriser le développement de troubles du comportement alimentaire et inquiètent les spécialistes. Clara Chappaz a ainsi rencontré les soignants de l’Institut Robert-Debré du Cerveau de l’Enfant, dans le XIXe arrondissement de Paris. Ce sont eux qui « accompagnent les mineurs dans leurs addictions aux écrans et réseaux sociaux », expose-t-elle.

Face à la levée de boucliers, TikTok a mis en place un message de prévention, qui s’affiche désormais sous forme de bandeau au-dessus des publications. Il permet aux utilisateurs qui cliquent dessus de les renvoyer vers une page de ressources liées aux troubles de l’alimentation.

« Voir si TikTok a fait le nécessaire »

Auprès de l’AFP, l’Arcom affirme s’être « d’ores et déjà saisie du sujet compte tenu du risque de santé publique que ce phénomène peut représenter ». L’autorité héritière du CSA a également dit vouloir « recueillir les éléments à même de caractériser ce risque en France » et « connaitre les moyens mis en œuvre par TikTok pour y répondre ».

« L’objectif est de voir si TikTok a fait le nécessaire », confirme de son côté le cabinet de la ministre, interrogé par franceinfo. La plateforme est contrainte par le droit européen, notamment le Digital Services Act (DSA), de « mettre en place des mesures d’atténuation des risques systémiques et de protéger les mineurs ».

Les responsables de TikTok n’ont pas réagi. Selon un décompte de l’AFP, le mot clé « skinny » (« maigre » en anglais) est désormais associé à plus de 500 000 publications.

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