Le conclave sur les retraites continue malgré les embûches, ce que l’on sait à mi-parcours
POLITIQUE – L’autre conclave. Les partenaires sociaux qui participent encore aux discussions sur la réforme des retraites de 2023 se retrouvent ce jeudi 24 avril pour une nouvelle réunion de travail. Les échanges entre patronat et syndicats continuent donc sur ce texte très décrié, malgré les désaffections et les assauts venus de l’extérieur.
Mais pour quoi faire, concrètement ? Souvenez-vous, François Bayrou a lui même indiqué mi-mars qu’il n’envisageait aucun retour en arrière sur l’âge légal de départ à la retraite. C’était pourtant la revendication principale des syndicats autour de cette réunion convoquée normalement « sans totem ni tabou » par le Premier ministre pour s’assurer quelques mois supplémentaires à Matignon.
À mi-chemin de cette concertation (elle doit se terminer fin juin), il paraît toujours très difficile d’espérer un « bougé » sur les 64 ans. En revanche, les partenaires sociaux se sont dotés d’une nouvelle feuille de route qui pourrait permettre quelques avancées plus précises, mais peut-être moins attendue.
Nouvelle feuille de route
Les organisations patronales et syndicales restantes autour de la table se sont accordées mi-avril sur une « note d’objectifs » qui se démarque des jalons posés par François Bayrou lors de leur convocation. Longuement négociée entre le Medef et la CPME, côté patronat, ainsi que la CFDT, la CFE-CGC et CFTC, côté syndicats, elle précise les contours des discussions pour les quelques séances de travail d’ici à la fin juin.
Désormais, les partenaires sociaux cherchent à se mettre d’accord sur « un mécanisme » pour piloter à l’avenir le système des retraites et sur des « voies de progrès pour la prise en compte de l’usure professionnelle, l’égalité homme-femmes ». Le tout sans « détourner l’attention » de l’âge effectif de départ à la retraite « qui est la principale question de notre système », écrivent-ils.
Concrètement les participants promettent par exemple de discuter des inégalités hommes-femmes face à la retraite et des différents mécanismes censés les réduire, comme les pensions de réversion ou les trimestres de cotisation accordés aux femmes qui ont eu des enfants. Parmi les propositions à l’étude : que les femmes qui ont atteint la durée de cotisation nécessaire avant l’âge légal, grâce aux trimestres accordés au titre de la maternité, puissent, au choix, partir avant l’âge légal ou bénéficier d’une surcote si elles continuent de travailler.
S’ils ont moins de portée qu’attendu, certains sujets mis sur la table n’en restent pas moins crispants. Dans leur nouvelle feuille de route, les différents négociateurs se sont effectivment accordés pour faire du « rétablissement de l’équilibre du système une nécessité ». Dans cette optique, ils affirment aussi que « les efforts à consentir à court et moyen termes pour redresser la trajectoire (…) devront être partagés (…) entre les différentes parties prenantes au système ». En somme, les entreprises, les actifs et les retraités. C’est là, entre autres, que les divergences de vues apparaissent désormais.
De nombreux absents
Les syndicats verraient d’un bon œil l’augmentation des cotisations, une piste exclue par le patronat. Le Medef plaide plutôt pour toucher à l’abattement fiscal de 10 % dont bénéficient les retraités. Ce qui ne plaît pas franchement à la CFDT et aux autres centrales encore présentes autour de la table.
Autre sujet de tension : le contour même des discussions, alors que les partenaires sociaux ont décidé mi-avril de « réinterroger de manière plus large le financement de la protection sociale ». Une ouverture, réclamée par le patronat pour aller au-delà du seul sujet des retraites stricto sensu, qui provoque de nouveaux remous. Ainsi, la CFTC a décidé de suspendre sa participation au conclave, le temps que les autres partenaires sociaux discutent de ce « hors sujet », selon leur numéro 1 Cyril Chabanier.
Le syndicat réformiste était donc absent jeudi dernier, quand les autres ont discuté de la remise à plat des circuits de financement des différentes prestations (retraites, allocation familiale, assurance-maladie, par exemple). Il boude de nouveau les échanges ce jeudi, consacrés à la possibilité d’introduire une dose de capitalisation, avant de retrouver le chemin des négociations début mai.
Les organisations qui ont claqué la porte, la CGT, FO et l’U2P côté patronat, n’ont pas prévu, elles, de participer aux autres échanges. Ni aux séances futures qui pourraient s’égrainer jusqu’à la fin juin et aboutir à un accord. C’est en tout cas le souhait tenace des organisations restantes. Même si cet accord doit être moins ambitieux qu’espéré.
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