Après l’annonce des licenciements massifs chez ArcelorMittal, l’État sommé d’intervenir
POLITIQUE – Ce sont des annonces qui font grand bruit dans la classe politique, notamment à gauche et au sein du « bloc central ». Dans une sidérurgie européenne en crise, ArcelorMittal a annoncé mercredi 23 avril envisager 600 suppressions de postes dans le nord de la France, touchant les fonctions support délocalisées de l’Europe vers l’Inde, mais aussi la production.
Aux prises avec une crise historique de l’acier en Europe, le deuxième sidérurgiste mondial avait déjà annoncé en février qu’il envisageait la délocalisation de certaines de ses activités européennes marketing, commercial ou informatique vers l’Inde.
Interrogée ce jeudi 24 avril sur Europe 1 sur ce que pourrait faire l’État pour ArcelorMittal dans ce contexte, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a botté en touche, évoquant en premier lieu la situation internationale globale du secteur. « C’est une mauvaise nouvelle qui est due à la non-compétitivité de la sidérurgie européenne […]. Nous sommes dans l’urgence d’une prise de décision sur les facteurs de la compétitivité. Mais nous avons un deuxième problème qui est la surproduction chinoise […] qui vient bousculer les marchés de l’acier », expose ainsi Sophie Primas.
« Marc Ferracci [le ministre de l’Industrie] est à la manœuvre, il va rencontrer ArcelorMittal. Il faut voir quelle est l’ampleur de ce plan social, est-ce qu’ArcelorMittal renonce ou pas à son développement à Dunkerque de l’aciérie décarbonée et dans quelle mesure on peut protéger l’emploi au maximum », avance-t-elle ensuite prudemment sur le sujet.
« Et puis surtout, il faut accélérer les mesures de protection de notre marché européen, parce que l’acier, ça fait les canons Caesar au passage », ajoute la porte-parole du gouvernement en référence aux besoins massifs de l’industrie militaire en Europe sur fond de fourniture d’armes à l’Ukraine. « Un tel plan a des conséquences fortes sur notre souveraineté, sur l’emploi. Il faut se mettre autour de la table et discuter d’un plan avec l’Europe, avec la France, avec ArcelorMittal », conclut-elle.
Mathilde Panot demande de « nationaliser » ArcelorMittal
Parmi les réactions chez les députés, François Ruffin (groupe Écologiste et social) estime sur X que « l’État peut agir », prenant en exemple l’aciérie Ilva, reprise par le gouvernement italien en 2024 « pour éviter la faillite et [des] licenciements massifs ». Ou British Steel au Royaume-Uni, où l’État a obtenu « des pouvoirs extraordinaires et contraint l’entreprise à poursuivre son activité sous peine de sanctions », après une annonce du groupe chinois Jingye, propriétaire, de fermer deux hauts-fourneaux.
Même son de cloche pour sa collègue Clémentine Autain sur X, pour qui « l’État a les moyens d’empêcher ce carnage ». Mathilde Panot (LFI) demande sur TF1 ce jeudi matin de « nationaliser » ArcelorMittal, tout comme le sénateur Franck Dhersin (Horizons) sur franceinfo. « Je suis plutôt un homme de droite, mais si ça ne fonctionne pas, il faudra penser à nationaliser. C’est comme ça qu’on sauve une usine lorsque le privé ne veut plus fonctionner », dit-il.
Outre 210 à 260 postes support délocalisés, ArcelorMittal prévoit de réduire la voilure de la production en France, avec quelque 400 postes de production supprimés dans les sept usines, soit plus de 600 postes français menacés.
Le projet concerne les usines de Dunkerque, Florange, Basse-Indre, Mardyck, Mouzon, Desvres et Montataire, qui emploient au total quelque 7 100 salariés.
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