« Retailleau avait piscine » : la discrétion du ministre pointée après le meurtre dans une mosquée du Gard
POLITIQUE – Un silence trop pesant ? Après le meurtre d’un fidèle, vendredi, dans une mosquée du Gard, une partie de la classe politique et associative s’interroge sur la relative discrétion du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. D’autant que l’homicide prend les contours d’un acte islamophobe : le suspect toujours en fuite a porté des dizaines de coups de couteau à un jeune en train de prier, dans la mosquée de La Grand-Combe, puis il a filmé sa victime agonisante avec son téléphone portable, en répétant à deux reprises : « Je l’ai fait (…), ton Allah de merde ».
« Ce qui est étonnant, c’est la timidité des réactions de certains responsables politiques. Je me demande si monsieur Retailleau, hier, avait piscine », a dénoncé au micro de franceinfo Dominique Sopo, président de l’association SOS Racisme, en soulignant que le ministre s’était déplacé immédiatement à Nantes, après le drame qui a touché le lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides.
Et d’ajouter : « En tant que ministre des cultes, lorsque l’information que ce crime est en partie au moins motivé par la haine envers les musulmans, et bien il y a un silence pour le moins assourdissant ».
« Où est Bruno Retailleau » s’interroge Sandrine Rousseau
Le président de SOS Racisme n’est pas seul. Dès hier, une partie de la gauche a commencé à pointer du doigt l’absence de la place Beauvau. Le député insoumis Paul Vannier a dénoncé en creux un manque de considération pour la victime. « Pour Bruno Retailleau il y aurait des « Français de papier ». Et manifestement des victimes de seconde zone », a-t-il tancé sur X.
Dans la foulée de Dominique Sopo sur franceinfo, Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris s’est également demandée « Où est Bruno Retailleau ? » : « Là il est important qu’il porte sa voix puisqu’il est ministre de l’Intérieur d’un gouvernement dont la Constitution dit que tous les citoyens vivant en France sont égaux ». Une antienne également reprise par les députés insoumis Rima Hassan et Raphaël Arnault, sur X. « Lorsqu’un islamophobe assassine au couteau dans une mosquée, Bruno Retailleau ne dit rien. Un silence qui en dit long sur les intentions de ce ministre », a notamment posté ce dernier.
Un manque de soutien également déploré par le recteur de la mosquée Sud-Nîmes qui dit les fidèles déçus « que le préfet ne se déplace pas pour leur apporter son soutien et les rassurer, ».
Plusieurs ministre, dont Retailleau, disent leur soutien à la famille
S’il ne s’est pas rendu sur place et n’a pas commenté de vive voix l’affaire, Bruno Retailleau avait néanmoins partagé dès vendredi sur les réseaux sociaux un message pour dire son « soutien à la famille de la victime et [sa] solidarité à la communauté musulmane , il ajoutait espérer que l’enquête puisse permettre d’appréhender rapidement l’auteur « et de faire la lumière sur cet évènement épouvantable ». Il a annoncé ce samedi 27 avril en début d’après-midi se rendre sur place.
François Bayrou, le Premier ministre, a également réagi en dénonçant une « ignominie », tout comme Gérald Darmanin, ministre de la Justice face à cet « ignoble assassinat ». Le Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l’islam en France, qui appelle les musulmans de France à « l’extrême vigilance », a fustigé « les conséquences dramatiques de la banalisation et de la médiatisation de la haine antimusulmane ».
Un appel à rassemblement « contre l’islamophobie » a été lancé pour dimanche 18 heures à Paris sur les réseaux sociaux. Le rendez-vous prévu place de la République sera ponctué par une minute de silence en mémoire de la victime, un jeune homme d’une vingtaine d’années. L’appel est notamment relayé par plusieurs figures de LFI comme Éric Coquerel ou Rima Hassan ou la N.1 des Verts, Marine Tondelier.
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