Après le meurtre dans le Gard, l’agression d’une jeune musulmane suscite l’indignation
POLITIQUE – Le poison islamophobe. Une jeune femme de 26 ans a été agressée dans les rues de Poissy (Yvelines) le 28 avril, alors qu’elle rentrait chez elle avec son bébé d’un an. Un individu encore non identifié lui a arraché le voile qu’elle portait sur la tête en criant et en lui jetant à la figure un liquide, révèle le Parisien.
Si une enquête a été ouverte pour violences volontaires et vol (la préfecture a assuré que « les services de police sont pleinement mobilisés pour retrouver l’auteur des faits »), le mobile de l’agression ne fait aucun doute. La maire LR de la ville, Sandrine Dos Santos, a fait part de sa « plus vive indignation » et de sa « profonde solidarité à l’égard de la jeune Pisciacaise victime d’une agression islamophobe ». Les représentants du culte musulman ont été reçus en mairie.
Le député de la circonscription Karl Olive (Renaissance) a lui aussi apporté son « soutien à la communauté musulmane » et qualifie l’agression « d’acte innommable ». « Jamais nous n’avons connu de tels actes ici. La réplique sismique du drame de la mosquée dans le Gard est réelle », estime-t-il, appelant « à une condamnation nationale unanime ».
De fait, cet acte de violence fait suite au meurtre d’Aboubakar Cissé dans une mosquée de La Grand-Combe (Gard), survenu trois jours plus tôt, et à la vague d’émotion qui a submergé le pays. Les faits d’islamophobie sont en forte hausse en France en 2025, puisque le ministère de l’Intérieur en a recensé 79 depuis le début de l’année, en augmentation de 72 % sur un an.
« Voilà où mènent les discours de Retailleau », charge Panot
Pour la gauche, la multiplication de ces agressions est liée à un climat politique et médiatique dirigé contre les musulmans. Mais aussi à une responsabilité du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui n’hésitait pas à scander « À bas le voile » le 26 mars à la tribune d’un meeting organisé par la droite et l’extrême au Dôme de Paris.
« Voilà où mènent les discours de Bruno Retailleau, s’insurge la présidente du groupe de La France insoumise à l’Assemblée, Mathilde Panot. Une banalisation des agressions islamophobes, un climat de haine légitimé par les tribunes réactionnaires, et des actes violents rendus presque “normaux” ». « Ce ne sont pas que des mots. Ce sont des signaux, est aussi convaincu son camarade Idir Boumertit. Des autorisations implicites. Ils nourrissent un climat où l’agression devient envisageable. Ces mots préparent le terrain au passage à l’acte ». Aurélien Saintoul (LFI) établit, lui, un lien avec « les pires heures » de la guerre d’Algérie et juge que Bruno Retailleau « semble avoir été entendu » dans ses appels à lutter contre le port du voile. « Un ministre qui agite les peurs et la haine doit partir », conclut-il.
Ni Aurore Bergé ni Bruno Retailleau n’ont réagi
La députée écologiste Sabrina Sebaihi, qui a lourdement accusé le ministre de l’Intérieur de « souffler sur les braises de la haine » lors des questions au gouvernement du 29 avril, se demande maintenant si « l’arrachage de voile est une violence banale dans la France de Retailleau ». « Tout mon soutien à cette jeune femme et à toutes celles qui aujourd’hui ont peur face à ce déferlement de violences islamophobes », écrit-elle. « L’islamophobie n’a pas sa place en République. Nous devons plus que jamais entourer d’affection nos compatriotes musulmans », embraye l’Insoumis Antoine Léaument.
Sa collègue socialiste Dieynaba Diop, députée d’une circonscription non loin de là, déplore que « l’islamophobie progresse dangereusement en France » et assure se tenir auprès de la communauté musulmane. « La République doit garantir la sécurité de chacun, indépendamment de la religion pratiquée. C’est l’essence même de la laïcité », poursuit-elle. Le député Aurélien Rousseau (Place Publique) estime de son côté que « nos compatriotes, tous nos compatriotes, quelles que soient leurs convictions religieuses, ont droit à la sécurité et à la protection de la Nation ».
En revanche, très peu de voix de droite et d’extrême droite se sont exprimées depuis la révélation de l’affaire. Ni Aurore Bergé, la ministre chargée de la Lutte contre les discriminations, ni Bruno Retailleau, à Beauvau, n’ont jugé bon de prendre la parole. Ce dernier s’est simplement contenté de relayer la communication du préfet des Yvelines.
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