« Le grand gagnant sera le RN » : Retailleau s’oppose à Bayrou sur la proportionnelle

POLITIQUE – Double pression. Le ministre de l’Intérieur a exprimé son opposition, ce mercredi 30 avril, à la volonté de François Bayrou d’instaurer la proportionnelle aux élections législatives, quelques instants avant que le Premier ministre engage une série de consultations sur le sujet.

Comme Les Républicains – et une partie de la sphère politique – Bruno Retailleau craint avant tout le spectre d’une instabilité durable. « Je suis contre. L’action politique est entravée quand il n’y a pas de majorité. Avec la proportionnelle, c’est le plus sur moyen de ne pas donner à la France, à la République française, une majorité. Ce qui est aujourd’hui temporaire, conjoncturel, deviendrait structurel », a-t-il ainsi plaidé sur CNews et Europe 1.

Pour lui, qui plus est, « le grand gagnant de cette réforme de scrutin, ce sera le bloc du Rassemblement national (par ailleurs très allant sur la question). » Une sortie dont le timing, cette fin avril, n’est pas anodin.

Wauquiez demande à Retailleau de se faire frondeur

Le ministre de l’Intérieur est effectivement sous la pression de Laurent Wauquiez, son concurrent interne dans la course à la présidence LR, tandis que le chef du gouvernement commence à recevoir les partis (le Rassemblement national, ce mercredi matin) pour discuter de leurs positions sur ce sujet ô combien sensible.

Depuis plusieurs jours, le député de Haute-Loire essaie de mettre le Vendéen dans l’embarras en lui demandant de faire davantage entendre la voix de la droite dans le gouvernement, et donc, de s’opposer au locataire de Matignon sur plusieurs points. Par exemple, l’éventualité de hausses d’impôts dans le prochain budget, la loi « PLM » sur le mode de scrutin aux municipales à Paris, Lyon et Marseille, ou la proportionnelle.

Quelques minutes avant le passage de Bruno Retailleau sur CNews, Laurent Wauquiez exhortait de nouveau son collègue, depuis les studios de RTL, à « imposer à François Bayrou l’abandon de ce projet ». « Le ministre qui est chargé de mettre en œuvre la loi électorale, c’est le ministre de l’Intérieur. Ça tombe bien, il est de notre famille politique. Il me semble impensable qu’un ministre de notre famille politique accepte ça à l’intérieur du gouvernement », a-t-il insisté.

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Car, pour l’ancien président de région, « revenir à la proportionnelle, c’est assurer que le chaos dans lequel on est aujourd’hui deviendra la règle en France. » Les deux concurrents sont au moins d’accord sur ce point. François Bayrou en subira-t-il les conséquences ?

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