Politique

Audience, dirigeante, numérique… Quand Dati matraque l’audiovisuel public sur le service public

POLITIQUE – En direct du « club des CSP + ». Rachida Dati continue de défendre mordicus la réforme de l’audiovisuel public, qu’elle espère voir revenir à l’Assemblée nationale en juin prochain. Un projet nécessaire selon elle, pour pallier les mauvaises performances de Radio France et France télévision.

C’est en tout cas ce que la ministre de la Culture a expliqué ce mercredi 7 mai, sur France inter, dressant un réquisitoire offensif contre l’audiovisuel public à l’antenne… du service public. De quoi provoquer des échanges parfois tendus avec les deux matinaliers, Léa Salamé et Nicolas Demorand, figures de proue de la station rouge.

Dati et le petit poste de radio

« La détermination du président de la République et du Premier ministre sont intactes », a ainsi déclaré Rachida Dati, assurant qu’elle ne « renoncerait sûrement pas » à son texte polémique. Une façon, pour elle, de répondre notamment aux enjeux de rajeunissement des audiences. « De plus en plus de groupes privés se constituent, se structurent et qui peuvent être des enjeux d’influence. Il est donc important que l’audiovisuel public soit préservé et protégé », a-t-elle ainsi plaidé, avant de se faire plus acerbe dans ses arguments.

Alors que Léa Salamé lui faisait remarquer la qualité des audiences des chaînes et radios publiques, Rachida Dati a répondu : « Elles sont bonnes, oui, mais chez qui ? Vous avez les détails ? Plus les jeunes, plus les classes populaires. Ça devient un club, les CSP +, et plus âgés. C’est une réalité, c’est comme ça », a-t-elle tonné. « Je regrette que le petit poste de radio qu’on écoutait sur des chantiers quand mon père était maçon… Le maçon aujourd’hui n’écoute peut-être pas France inter, et je le regrette », a-t-elle ajouté.

En ce sens, sa réforme doit permettre, espère-t-elle, des médias moins élitistes. « L’audiovisuel public pour moi doit s’adresser à tout le monde et sur tout le territoire », a-t-elle enfoncé, en insistant également sur l’importance d’investir dans les « plateformes » pour « résister » à Netflix et aux autres mastodontes.

La charge de Rachida Dati contre Sibyle Veil

Pourtant, les chiffres réalisés par Radio France, en l’occurrence France Inter, ne semblent pas si désastreux que le dit Rachida Dati. En plus d’un score qui s’améliore sur les – de 35 ans, et les – de 25 ans sur un an, selon la dernière analyse de médiamétrie, France Inter peut se targuer par exemple d’être la première station de radio généraliste chez les jeunes. Même constat sur la cible « populaire », avec une audience de groupe qui progresse sur les dernières années, quand la majorité des autres grandes marques reculent. Qu’à cela ne tienne.

La ministre de la Culture ne s’est pas arrêtée là dans sa diatribe. Fustigeant à plusieurs reprises les mauvais scores du service public chez les jeunes et les classes populaires, malgré les dénégations des deux journalistes en studio, Rachida Dati a également visé nommément la PDG de Radio France, Sibyle Veil.

Cette réforme « commence à faire consensus malgré aussi la caricature qu’on en fait », a assuré la ministre mercredi. « Il faut arrêter de caricaturer cette réforme en disant que c’est une réforme d’extrême droite, voilà la manière dont Madame (Sibyle) Veil (la) présente », a-t-elle fustigé au micro, indiquant avoir « appelé » la dirigeante pour s’expliquer.

Concrètement, le projet sur la table depuis de nombreux mois vise à créer une holding, France Médias, chapeautant France Télévisions, Radio France et l’INA (Institut national de l’audiovisuel), sous l’autorité d’un seul président. Le texte a été validé en première lecture au Sénat en 2023. Son examen dans l’hémicycle de l’Assemblée a été reporté début avril sine die, quelques jours après un incident opposant Rachida Dati à une fonctionnaire de l’Assemblée. Un autre club.

Et alors que Rachida Dati évoquait le mois de juin pour le retour du texte dans l’hémicycle, la porte-parole du gouvernement a quelque peu douché ses ardeurs à l’issue du Conseil des ministres. « Nous verrons si la réalité du calendrier parlementaire le permet (…) je comprends que la ministre soit très allante pour aller au bout de sa réforme, mais le calendrier sera déterminé dans les semaines qui viennent », a déclaré Sophie Primas. Quand ça veut pas, ça veut pas.

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