Le gouvernement décide finalement d’utiliser les avoirs russes gelés, voici comment
INTERNATIONAL – Le sujet avait beaucoup fait parler (et avait divisé) au cours des derniers mois. La France va finalement utiliser les avoirs russes gelés afin de venir en aide à l’Ukraine, a annoncé le chef de la diplomatie française ce vendredi 9 mai. Jean-Noël Barrot a indiqué que Paris allait mobiliser les revenus tirés de ces avoirs pour assurer la maintenance des canons Caesar livrés à Kiev.
« La mobilisation des revenus tirés des actions gelées » va permettre à la France de « pouvoir, au travers de son entreprise KNDS, assurer la maintenance opérationnelle des Canons Caesar […] fournis à l’Ukraine pour résister contre les coups de boutoir de la Russie », a annoncé Jean-Noël Barrot qui participe à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine.
En juin 2024, le groupe d’armement franco-allemand KNDS, qui fabrique notamment les canons Caesar, avait officialisé à Paris la création d’une filiale en Ukraine et avait alors indiqué la mise en place d’un centre de maintenance des Caesar. La France a livré une soixantaine d’exemplaires de ces canons, capables de tirer six obus en moins d’une minute à 40 km avec une grande précision.
L’UE va verser un milliard d’euros à Kiev à partir des avoirs russes
Paris ne sera pas seul à s’appuyer sur les avoirs russes pour venir en aide à Kiev. En marge de la réunion européenne organisée ce vendredi, la cheffe de la diplomatie de l’UE a annoncé le déblocage d’un milliard d’euros en faveur de l’industrie de défense ukrainienne, afin qu’elle « puisse mieux se défendre ». Cette aide sera aussi financée à partir des intérêts générés par les avoirs russes gelés.
Ce n’est pas la première fois que l’UE a recours à cette méthode. En mars, elle lui avait permis de financer l’aide envoyée à l’Ukraine, ce que Moscou avait qualifié de « vol ». Au total, les Occidentaux ont gelé quelque 235 milliards d’euros d’avoirs russes depuis le début de la guerre en 2022, dont la majorité se trouve en Europe.
La question des avoirs russes avait suscité de vifs débats en France, notamment lors de l’adoption d’une résolution sur le soutien à l’Ukraine adoptée par l’Assemblée nationale le 12 mars dernier. Les députés « exhort[aient] l’Union européenne et ses États membres à procéder sans délai à la saisie des avoirs russes gelés », une mesure à laquelle s’opposait l’exécutif.
Barrot favorable à de nouvelles sanctions contre la Russie
Le ministre de l’Économie Éric Lombard la jugeait « contraire aux accords internationaux ». De son côté, Emmanuel Macron avait rappelé, lors d’une visite à la Maison Blanche fin février, qu’« on peut prendre les revenus des avoirs gelés, mais on ne peut pas prendre les avoirs eux-mêmes ».
Plutôt offensif, Jean-Noël Barrot a estimé ce vendredi qu’il fallait « pousser (le président russe) Vladimir Poutine à consentir » à un cessez-le-feu. « Nous voulons la paix et aujourd’hui le seul obstacle à la paix se trouve à Moscou, il parade, il s’appelle Vladimir Poutine », a-t-il lancé en marge de la réunion des ministres européens à Lviv. « Hier le président de la République s’est entretenu à plusieurs reprises avec le président Trump auquel il a exprimé cette conviction forte », a-t-il indiqué.
« J’ai eu moi-même hier Lindsey Graham, le sénateur américain [républicain], qui porte un paquet de sanctions massives contre la Russie avec 70 sénateurs démocrates et républicains », a poursuivi le chef de la diplomatie française, « je lui ai assuré qu’avec les Européens, nous prendrions nous aussi dans les prochains jours un nouveau paquet de sanctions pour mettre la pression sur la Russie ».
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