Politique

Comment le challenger Boris Vallaud tente de se frayer un chemin au congrès du PS

POLITIQUE – Boris Vallaud n’est pas franchement un novice. Au Parti socialiste, il a gravi les échelons un à un : directeur de cabinet d’Arnaud Montebourg, secrétaire général adjoint de l’Élysée sous François Hollande, député des Landes, président du groupe PS à l’Assemblée… Un pur produit du parti à la rose. C’est pourtant avec l’atout nouveauté qu’il se présente au congrès de Nancy.

Du 13 au 15 juin, les socialistes se réuniront pour élire leur futur Premier secrétaire. Entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, Boris Vallaud cherche à s’imposer. Avec un objectif : contredire les pronostics, qui le placent à la troisième place, et réunifier un parti selon lui meurtri par les déchirures. Le congrès de Marseille en 2023 a laissé des traces dans l’esprit des militants, lassés des querelles personnelles et des guerres de tranchées infinies. Le Landais a donc un mot d’ordre : « Unir ». Unir les socialistes, la gauche, la France. Dans cet ordre.

Mais son pari, audacieux, s’est fracassé sous le poids des alliances. D’un côté, Olivier Faure, le sortant, attaché à l’union de la gauche et représentant de l’aile gauche du parti, soutenu par Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault, Stéphane Troussel. De l’autre, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, héraut de l’aile droite du PS aux côtés de Carole Delga, Jérôme Guedj et Karim Bouamrane. Entre les deux, Boris Vallaud peine à s’attirer les gros poissons.

Sur le fond, l’ancien protégé d’Arnaud Montebourg met sur la table plusieurs idées fortes et se fait le chantre du travail. « Un travail digne et porteur de sens », prend-il soin d’indiquer, comme pour se démarquer de ceux qui, à droite notamment, se revendiquent du travail sans en préciser les contours. Ainsi, Boris Vallaud plaide pour que cette valeur « change de camp ». « Qu’elle ne soit plus exclusivement du côté du capital, des rentiers et des rémunérations extravagantes, mais du côté de la juste reconnaissance des classes laborieuses », écrit-il dans son texte d’orientation soumis au vote des militants à la fin du mois de mai.

Le patron des députés socialistes a surtout tenté d’imposer un mot dans le débat : celui de « démarchandisation ». « Démarchandisons la vie », clamait-il fièrement dans La Tribune dimanche le 4 mai. Englobant divers champs sociaux de la vie des Français, il explique : « La naissance, la vieillesse, la mort, tout est bon à vendre. L’eau, la terre, nos biens communs abandonnés à la spéculation. La santé, l’éducation, la culture, le sport, nos services publics livrés à la propriété privée ». Le constat est simple : « Le tout-marché dissout la société, capte le temps, les liens, l’espace public ».

Il se défend de ne proposer que de « l’eau tiède »

Alors qu’il considère que « le socialisme est orphelin d’une idée forte », Boris Vallaud entend pousser la création d’un institut calqué sur le modèle de La Boétie de La France insoumise et d’un média, qui pourrait s’intituler Le Nouveau populaire. Quant au flou supposé de sa ligne politique, condamnée à promouvoir le compromis pour ne fâcher personne, le Landais répond au HuffPost : « On m’accuse de ne proposer qu’un filet d’eau tiède. Mais vous avez l’impression que les autres proposent de l’eau chaude ? » Il se dit prêt à descendre dans l’arène, prendre des coups s’il le faut… et en donner.

Dans l’ombre des grands éléphants qui rythment la vie du Parti socialiste depuis plusieurs décennies, il mène une campagne de terrain discrète, au plus près des militants dans les fédérations. Boris Vallaud sera le 12 mai à Lille (Nord), le 14 à Paris, le 15 à Marseille, le 16 à Limoges. Il suscite en tout cas les convoitises de ses deux concurrents qui espèrent tirer vers eux celui qui est vu comme le troisième homme. Dans l’interview qu’il accordait au HuffPost le 12 avril, Nicolas Mayer-Rossignol renouvelait ses appels du pied. « Nous souhaitons le changement et le rassemblement. Il n’y a aucune exclusive. Boris Vallaud et ses amis sont les bienvenus », déclarait le maire de Rouen. Pour l’instant, le très convoité refuse de choisir et assure qu’il ira jusqu’au bout.

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