Politique

En attendant Macron, les oppositions lancent la foire aux référendums

POLITIQUE – La boîte de Pandore n’est pas encore ouverte, que beaucoup s’empressent de la garnir. Alors qu’Emmanuel Macron pourrait préciser, ce mardi 13 mai au soir, l’organisation d’un ou plusieurs référendums dans les mois à venir, les oppositions s’engouffrent dans le débat et proposent leur propre votation.

Selon les derniers échos de l’Élysée, le chef de l’État, qui envisage cette carte politique depuis 2017, pourrait demander aux Français de se prononcer sur plusieurs questions différentes. À savoir, l’organisation territoriale, les enjeux liés à la fin de vie, ou encore le temps que passent les enfants devant les écrans.

En somme : peu de choses pour satisfaire le spectre politique à l’heure actuelle, 20 ans après le dernier scrutin du genre (sur la Constitution européenne). À droite ou à gauche, on plaide effectivement pour un référendum… Mais sur des sujets bien plus porteurs dans leur électorat que ceux dessinés par l’entourage du chef de l’État dans la presse.

Retraites, immigration…

Ainsi, quand on quitte le giron de la Macronie pour se déplacer vers la droite, ce sont les questions migratoires qui trouvent – sans surprise – le plus d’échos. Comme le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, et la grande majorité des caciques des Républicains, le président du Rassemblement national réclame un vote sur les politiques liées à l’immigration.

« Emmanuel Macron nous annonce un référendum tous les ans. Je l’appelle à prendre enfin les Français au sérieux et à organiser un référendum concernant l’immigration. C’est aujourd’hui l’éléphant dans le salon des politiques publiques, c’est une préoccupation majeure de nos compatriotes », a ainsi plaidé Jordan Bardella ce mardi matin sur TF1, en estimant que cela reviendrait à demander « aux Français de reprendre le contrôle du pays. »

De l’autre côté du spectre politique, à gauche, on plaide aussi pour l’organisation d’un tel scrutin… Mais toujours pas sur les questions envisagées par Emmanuel Macron. Ici, c’est la réforme des retraites d’Élisabeth Borne (2023) que l’on veut mettre sur le billot.

« Nous sommes très pour les référendums, mais ça dépend le thème », a ainsi rappelé le président (LFI) de la Commission des Finances à l’Assemblée Éric Coquerel, lundi sur TF1. « La réforme des retraites est le meilleur thème. Le Parlement était contre, les syndicats étaient contre, donc au peuple de trancher », a-t-il encore appelé de ses vœux, mais sans se faire d’illusion. Emmanuel Macron n’a effectivement jamais envisagé cette hypothèse.

Macron et la crainte d’un référendum « gadget »

En réalité, derrière ces propositions, émerge la critique d’une entreprise potentiellement « gadget » de la part du chef de l’État, « pour occuper le terrain médiatique », selon les mots d’Éric Coquerel.

« Les référendums doivent être réservés aux grands sujets, qui engagent l’avenir de la nation. Si le président nous sort un référendum sur le temps scolaire, ce sera considéré une fois de plus comme une manœuvre », a ainsi dénoncé la cheffe de file du RN Marine Le Pen ce mardi depuis l’Assemblée nationale, rappelant au passage le cadre dans lequel ce scrutin peut s’organiser : « Nous ne sommes pas en Suisse, on ne fait pas de votations. Il faut un texte. »

Une crainte en dilution partagée sur plusieurs bancs, à l’heure où les priorités des Français sont relativement claires : Oui pour le référendum (83 %), mais en priorité sur l’économie, les retraites ou l’immigration. « Je me méfie de questions qui pourraient diviser les Français, couper le pays en deux, ou des questions purement démagogiques », a ainsi pesté le chef des députés socialistes Boris Vallaud, lundi sur France inter, en appelant Emmanuel Macron à ne « pas se remettre au cœur du jeu dont les Français l’ont écarté. »

Notons, d’ailleurs, que les oppositions au sens large – Lucie Castets s’exprime par exemple pour une votation sur les finances publiques – ne sont pas seules à participer à la foire aux idées avant l’intervention présidentielle. Quand Édouard Philippe et ses troupes plaident pour des référendums, mais après 2027, Gabriel Attal lui verrait bien des propositions dans les semaines à venir pour « détaxer le travail. » Sans parler du Premier ministre François Bayrou qui plaide, lui, pour un référendum sur le budget 2026. La parole est au président. Qu’elle soit d’or, pour refermer la boîte.

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