Les stéréotypes de genre ne sont pas près de disparaître, d’après cette étude
POLITIQUE – Des préjugés qui ont la dent dure dès l’école et mènent à une « ségrégation sexuée au travail ». Un rapport de France Stratégie, publié ce lundi 12 mai, estime que le gouvernement doit muscler sa politique dans plusieurs domaines clés pour lutter contre les stéréotypes de genre persistants. Il formule une vingtaine de propositions qui concernent notamment la petite enfance et l’école.
La lutte contre les stéréotypes qui touchent les femmes et les hommes « n’est pas un luxe mais une nécessité », il s’agit du « socle » de l’égalité entre les sexes, a commenté lors d’un brief auprès de journalistes Clément Beaune, commissaire général de France Stratégie, organisme chargé de conseiller le gouvernement. Elle nécessite « un dispositif de politiques publiques » inscrit « dans la durée », « tous azimuts », face à certains « signaux alarmants », a-t-il ajouté.
Chez les adultes, l’adhésion aux stéréotypes concernant les aptitudes et rôles de chacun a diminué jusqu’au milieu des années 2010 mais la situation stagne depuis, selon France Stratégie qui a analysé des enquêtes d’opinion. On observe même une recrudescence de certains préjugés, comme ceux stipulant que les femmes seraient prédisposées à prendre soin des autres. Par exemple, en 2022, 59 % des Français adhèrent à l’idée que les « mères savent mieux répondre aux besoins et attentes des enfants que les pères », contre 54 % en 2014.
Les réseaux sociaux, une « arme de construction massive des stéréotypes »
Point inquiétant selon le rapport : les jeunes sont particulièrement concernés par cette recrudescence d’adhésion à certains clichés. Ainsi, la part des 18-24 ans « tout à fait d’accord » avec l’idée que « les filles ont autant l’esprit scientifique que les garçons » a diminué de 62 % en 2014 à 53 % en 2022.
58 % des 11-17 ans pensent même que les garçons sont prédisposés à la violence, ajoute Libération qui a eu accès à ce rapport, qui pointe : « Comme il y a dix ans, les garçons sont toujours les auteurs de plus des trois quarts des incidents graves dans le cadre scolaire ».
L’école reste « un lieu de transmission des stéréotypes », une problématique à laquelle les personnels devraient être formés et les élèves sensibilisés, estime le rapport.
À l’adolescence, les réseaux sociaux consolident même ces croyances, à tel point que Clément Beaune les décrit comme « une arme de construction massive des stéréotypes ». En cause notamment, les algorithmes qui « enferment les adolescents dans des « bulles » correspondant à ce que les plateformes considèrent comme pertinent ».
Allonger le congé paternité
Dans ce contexte, certaines filières restent très féminines ou très masculines. Pour favoriser la mixité, France Stratégie propose notamment d’instaurer un « bonus » sur les plateformes d’orientation post-3e et post-bac pour ceux dont les vœux portent sur un cursus où leur sexe est nettement minoritaire.
Alors que les enfants intègrent des représentations stéréotypées dès leurs premières années de vie, basée notamment sur leur observation du quotidien, France Stratégie préconise ainsi de prendre des mesures pour favoriser un meilleur partage des rôles au foyer dans la petite enfance, univers encore largement féminin.
L’organisme recommande d’allonger le congé paternité à dix semaines, dont six obligatoires et de mettre en place un congé parental plus court et mieux indemnisé à partager entre les deux parents.
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