Politique

À l’audition de Bayrou sur Bétharram, ce détail dit beaucoup de sa ligne de défense

POLITIQUE – Le grand oral du Premier ministre a commencé dans une ambiance à couteaux tirés à l’Assemblée nationale, ce mercredi 14 mai, peu après 17 heures. François Bayrou, soupçonné d’avoir été informé des violences ayant cours à Bétharram et de s’être tu, est entendu par la commission d’enquête parlementaire sur le contrôle des établissements privés.

Seul face aux membres de la commission, le Béarnais n’est pas arrivé les mains vides. Outre des documents, et verres d’eau à ses côtés, il a disposé sur sa table un ouvrage singulier : La Meute, des journalistes Olivier Pérou et Charlotte Belaïch. Cet ouvrage paru il y a une dizaine de jours, décortique par le menu et étrille le fonctionnement rigide et fermé de La France insoumise, et dans lequel Jean-Luc Mélenchon occupe une place de quasi « gourou ».

Un ouvrage très commenté et très peu apprécié des troupes insoumises qui l’ont étrillé lors de sa sortie. Et qui ont évidemment relevé ce détail. « Bayrou est déjà perdu. Le voilà qui vient en audition avec le livre La Meute. Sa défense face à une commission d’enquête sur un sujet aussi grave : l’attaque politicienne de bas étage », a répliqué sur X, la députée LFI Claire Lejeune.

Un message assez clairement adressé de la part du locataire de Matignon à Paul Vannier, député LFI et co-rapporteur, et qu’il accuse d’instrumentaliser politiquement la commission pour le faire vaciller. « Je n’ai pas eu le sentiment que la commission d’enquête était totalement objective », a eu l’occasion de déclarer François Bayrou. Après deux heures d’échanges difficiles, le chef du gouvernement a d’ailleurs nommément fait référence au livre La Meute.

« Je ne lis pas Mediapart, c’est une hygiène personnelle »

Une ligne de défense rebattue par le Premier ministre et ses alliés depuis des mois, y compris la veille de ce rendez-vous très attendu. « Ce sont des députés, ce ne sont pas des enquêteurs (…) s’il y a des faits et bien il y a la justice qui doit passer » mettait à distance la députée MoDem, Perrine Goulet, ce mardi.

Sans surprise, c’est donc particulièrement avec Paul Vannier que le ton est monté dès la première heure d’audition. François Bayrou a visé sa « stratégie un peu pauvre », son « ton malveillant », mais aussi ses « méthodes personnelles ». Comme pour épargner l’élue Renaissance Violette Spillebout, co-rapporteure elle aussi ? Alors que l’insoumis l’interrogeait sur ses changements de version entre le 11 et le 18 février dernier, le Premier ministre l’a accusé de déformer ses propos. « J’ai écouté beaucoup des séances, de votre commission et votre méthode est transparente, la vôtre personnelle, chaque fois que quelqu’un vous apporte des réponses, s’il ne fait pas attention, se retrouve entraîné sur des affirmations qui ne sont pas les siennes (…) Cette méthode je ne la laisserai pas s’exprimer contre moi », a grondé le maire de Pau.

De la même manière, interrogé sur des versions qui auraient changé au gré des révélations de presse et notamment de Mediapart, François Bayrou a vu rouge, refusant d’« ériger Mediapart en autorité de la République » : « je ne lis pas Mediapart, c’est une hygiène personnelle », a abondé François Bayrou qui assurait quelques minutes avant n’avoir pas été informé des violences ayant cours à Bétharram avant les premiers articles de la presse locale dans les années 90.

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