Pour interroger Bayrou, qui sont les deux députés que tout oppose (sauf Bétharram)
POLITIQUE – « Il dit que je vais prendre ma carte chez LFI, je lui dis que c’est lui qui vient vers le centre. » Cette anecdote racontée avec le sourire à l’AFP par Violette Spillebout illustre l’entente cordiale qui unit la députée Renaissance à Paul Vannier, élu LFI. Tous deux sont co-rapporteurs de la commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires, aussi surnommée « commission Bétharram » et qui auditionnera ce mercredi 14 mai, François Bayrou.
Si des binômes Renaissance-LFI ont déjà travaillé cordialement, un sujet aussi inflammable aurait pu faire des étincelles. L’ex-socialiste (52 ans), proche de Gérald Darmanin, a accusé par le passé le mouvement de la gauche radicale de « bafouer les valeurs de notre République ». Paul Vannier, lui, n’a pas de mots assez durs pour la macronie, coupable selon lui d’avoir « achevé sa mue en une droite conservatrice, ouverte aux idées lepénistes ».
Mais, l’alignement sur le dossier est tel qu’ils envisagent une future proposition de loi commune. « Aussi sincèrement que moi, elle veut empêcher un autre Bétharram », explique l’insoumis. « Il y a une réelle confiance sans naïveté (…). Je savais qu’il était travailleur, et aussi hyper radical », réplique sa consœur.
« Il faut se méfier de ce personnage très intelligent »
Fils d’un père syndicaliste Force ouvrière chez EDF, et d’une mère professeure de musique à l’école élémentaire, Paul Vannier se revendique sans ambages du « mélenchonisme ». Sur le fond d’abord, le professeur agrégé de géographie, entré en politique au Parti de gauche en 2008, a ensuite rejoint LFI et contribué au programme éducation.
Sur la stratégie, le co-responsable du pôle élections dans le parti s’est forgé une réputation de rude négociateur lors des créations de la Nupes en 2022 et du Nouveau Front populaire en 2024.
« Vannier est bon. Il faut se méfier de ce personnage très intelligent et qui connaît très bien son dossier », estime un cadre macroniste. C’est aussi certainement ce qui lui vaut de la part des alliés de François Bayrou d’être accusé de politiser Bétharram « pour faire tomber » le Premier ministre. « Ceux qui se hasardent à ces propos participent à un climat d’omerta que j’assume de combattre », rétorque le député, soulignant que la commission ne se cantonne pas à Bétharram.
Sur la commission d’enquête « il est sérieux, appliqué, pugnace », tempère le député PS Emmanuel Grégoire. Un atout pour LFI : « on montre qu’on est sérieux sur le fond », observe le coordinateur du mouvement Manuel Bompard, saluant un travail « en bonne intelligence », avec Violette Spillebout.
Spillebout, fille de profs, mais…
Ingénieure en santé publique, Violette Spillebout a pour sa part travaillé plus de 15 ans à la mairie de Lille, auprès de Pierre Mauroy puis de Martine Aubry, qu’elle quitte sur de « profond désaccords » en 2013. Passée par plusieurs postes de direction à la SNCF, elle poursuit sa carrière politique en macronie, notamment à l’Assemblée depuis 2022.
Fille d’un professeur de l’Institut supérieur d’Agronomie de Lille et d’une professeure de français, elle a notamment travaillé sur le statut de l’élu, la presse ou l’éducation aux médias. « J’ai été élevée dans un milieu de profs. Quand j’étais adolescente je disais toujours : “jamais je ne serai prof”, mais au final j’ai toujours été attirée par ces sujets », rembobine la députée, un temps pressenti au ministère de l’Éducation.
« C’est quelqu’un de carré, de solide », salue une ministre macroniste. « Elle parle beaucoup, elle est frustrée de n’avoir pas pu entrer au gouvernement », grince un cadre du camp gouvernemental.
L’élue explique s’être intéressée aux violences à l’école après une rencontre en circonscription. « Un monsieur m’a confié qu’il était l’une des victimes du village de Riaumont [communauté catholique traditionaliste au cœur de plusieurs enquêtes, NDLR] et qu’il avait réussi à s’enfuir. J’ai donc commencé à m’intéresser au sujet », explique-t-elle.
Et celle qui tentera à nouveau de prendre la mairie de Lille en 2026 de défendre les retours du terrain : « Dans ma circonscription (la commission d’enquête) est l’une des premières choses dont les gens me parlent. Ils disent “bravo, vous avez réussi à mettre vos différences de côté pour un sujet aussi important”. » Dont acte, à nouveau, ce mercredi.
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