À quoi va servir ce moratoire sur la fermeture des maternités adopté à l’Assemblée
POLITIQUE – Le texte a obtenu une quasi-unanimité. L’Assemblée nationale a approuvé en première lecture le jeudi 15 mai un moratoire de trois ans sur les fermetures de maternité, accusées de contribuer à la hausse de la mortalité infantile. Portée par le député Paul-André Colombani (Liot) dans le cadre de la « niche » parlementaire de son groupe, la proposition de loi a recueilli 97 voix pour contre 4 (issues du groupe Ensemble pour la République).
Le texte entend répondre à la hausse de la mortalité infantile, dont le taux est passé de 3,5 décès pour 1 000 enfants nés vivants en 2011, à 4,1 en 2024, selon l’Insee. Une tendance « alarmante » selon Paul-André Colombani, et qui « va à contre-courant de celle observée dans la majorité des pays européens ». La France se classait en 2022 au 23e rang sur les 27 États de l’Union européenne en termes de mortalité infantile, en recul depuis une trentaine d’années.
Les défenseurs du moratoire mettent en rapport ces chiffres avec la fermeture des maternités, conduisant à un allongement des temps de trajet pour les mères. Leur nombre serait passé de 1 369 en 1975 à 464 aujourd’hui, selon la députée UDR Sophie Ricourt Vaginay.
« Une heure, une heure et demie de voiture pour aller à la maternité »
« Le risque de décès néonatal est multiplié par deux lorsque le trajet jusqu’à la maternité dépasse 45 minutes », a affirmé la députée Josiane Corneloup (Droite Républicaine), citant un ouvrage des journalistes Anthony Cortes et Sébastien Leurquin. Un temps de trajet largement dépassé dans certains départements comme le Lot. Il faut parfois y faire « une heure, une heure et demie de voiture pour aller à la maternité », a témoigné le député PS Christophe Proença, affirmant que son petit-fils était né « dans sa maison il y a quelques mois », sa mère n’ayant « pas eu le temps de se déplacer ».
Mais « une maternité qui réalise peu d’accouchements peut offrir une moindre sécurité, faute d’une pratique régulière des gestes obstétriques », selon le député Renaissance Jean-François Rousset. Et la hausse de la mortalité infantile est un phénomène complexe et multifactorielle, a souligné le ministre de la Santé Yannick Neuder, pointant notamment des « facteurs démographiques comme le recul de l’âge du premier enfant et l’accroissement des grossesses multiples, tout comme l’âge extrême des mères ».
L’adoption de ce moratoire n’était pas acquise : en commission des Affaires sociales, la mesure avait été supprimée, remplacé par l’obligation d’« une évaluation préalable des alternatives possibles » avant la fermeture d’une maternité. Mais les députés ont finalement approuvé jeudi une série d’amendements identiques permettant de rétablir l’article-clé de la proposition de loi, le gouvernement exprimant un avis de sagesse.
Durant ce moratoire, un « état des lieux » sera réalisé sur les maternités pratiquant moins de mille accouchements par an. Une autre mesure vise à créer un « registre national des naissances », pour rassembler des éléments statistiques jusqu’ici éparpillés, et mieux comprendre les raisons des tendances actuelles.
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