Divertissement

Plus besoin de chanter en anglais pour gagner l’Eurovision, et les candidats l’ont compris

DIVERTISSEMENT – Et si chanter en anglais n’était pas la clé de la victoire à l’Eurovision ? La grande finale du concours de chant, qui se déroule ce samedi 17 mai à Bâle, verra s’affronter 19 artistes, chacun représentant un pays… mais aussi une langue. Pour la première fois depuis 15 ans, la langue nationale l’emporte sur l’anglais, et les candidats ont bien compris que ce choix est de plus en plus avantageux.

Le constat est simple : sur les 37 morceaux de la 69e édition de l’Eurovision, 22 ne seront pas chantés en anglais, ou du moins ne comporteront qu’une petite partie de la chanson dans la langue de Shakespeare.

Entre 1998 et 2017, hormis la victoire d’une chanson serbe en 2007, aucun titre entièrement non anglophone n’a gagné l’Eurovision. Même si depuis 2015, six artistes ont décroché la première place en chantant en anglais, ou du moins partiellement, les titres en langue nationale se hissent dorénavant plus facilement tout en haut du podium.

Le chanteur Salvador Sobral, représentant le Portugal en 2017, a remporté l’Eurovision avec sa chanson écrite en portugais Amar pelos dois. De même pour le groupe Måneskin en 2021 avec leur titre en italien Zitti e buoni et les Ukrainiens de Kalush Orchestra un an plus tard avec Stefania.

« Au-delà des vainqueurs, il y a aussi deux ou trois chansons non anglophones qui terminent dans les premières places avec parfois de gros scores », explique Quentin Mauduit, enseignant et chercheur en politique de l’Union européenne, auprès de la radio Ici. Barbara Pravi et son titre à succès Voila ou encore le chanteur finlandais Käärijä avec Cha Cha Cha, en sont l’exemple, terminant à la deuxième place au concours.

Le français utilisé dans cinq chansons du concours

« On note que depuis dix ans, il y a une remontée des langues autres que l’anglais », explique celui qui est aussi co-animateur du podcast 12 Points, spécialisé sur l’Eurovision. C’est le cas du français, utilisé par Louane mais aussi par le chanteur Claude, représentant des Pays-Bas. Ce dernier souhaite rendre hommage à sa « langue maternelle » avec son titre C’est la vie, chanté majoritairement en français, comme il l’explique à la RTBF.

La candidate israélienne Yuval Raphael utilise aussi la langue de Molière dans un couplet de sa chanson New Day Will Rise, en souvenir de ses trois années passées à Genève. La Suisse et le Luxembourg présentent quant à eux un titre entièrement francophone. Un atout pour la France, qui peut espérer remporter quelques points dans son classement. « Les pays francophones et le public francophone sont un bloc linguistique qui peut apporter des points. Ça peut être une stratégie », déclare Quentin Mauduit à Ici.

Le soft power de l’Eurovision

Le choix du retour à la langue nationale relève aussi d’un aspect plus culturel et politique. Certains artistes souhaitent avant tout reconnecter le public avec leur langue natale, et mettre en avant leur pays. « Malheureusement, à quel autre moment dans l’année, un pays d’un ou deux millions d’habitants – ou qui n’a pas d’existence sur le champ médiatique – peut-il mettre en avant sa culture ? », réagit le chercheur.

Depuis le début du concours, la France n’a jamais tourné le dos à sa langue nationale. Le corse, le breton et le créole ont même eu leur place sur la scène de l’Eurovision. Cette année, Louane tentera de remporter le concours avec Maman, une chanson dédiée à sa mère morte d’un cancer en 2014. La chanteuse française deviendra-t-elle par la même occasion la sixième artiste à gagner le concours sans chanter en anglais ?

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