On a vu le nouveau Joaquin Phoenix à Cannes et on ne s’attendait vraiment pas du tout à ça
FESTIVAL DE CANNES – Après l’équipe de Mission Impossible, Sirât ou Dossier 137, le tapis rouge du 78e Festival de Cannes a accueilli vendredi 16 mai celle d’Eddington. Le réalisateur américain Ari Aster est en compétition avec un film qu’on a du mal à classer, sorte de western moderne complètement décalé. Un long-métrage déjanté, long, mais profondément jouissif. Et Joaquin Phoenix y est pour beaucoup.
Oubliez Hérédité, Midsommar, ou encore Beau is Afraid. Eddington est d’un genre nouveau. Dans la petite ville d’Eddington au Nouveau-Mexique, le shérif Joe (Joaquin Pheonix) voue une haine féroce au maire Ted (Pedro Pascal). En cause, de vieilles rancœurs passées impliquant sa femme Louise (Emma Stone) psychologiquement instable. Cela s’envenime lorsque, pandémie de Covid et confinement oblige, on le force à mettre un masque alors qu’il est asthmatique et ne croit pas à la contagion.
Jusque-là, on a les ingrédients d’un western des temps modernes somme toute classique. Sauf que, Ari Aster étant Ari Aster, il ne s’est pas du tout arrêté là. Le cinéaste a profondément ancré son récit dans l’actualité pour faire le portrait d’une Amérique ayant perdu son équilibre et son bon sens. Et presque la raison.
Une comédie satirique explosive
Ce sont en effet le meurtre de George Floyd et les manifestations Black Lives Matter parvenues jusqu’à Eddington qui achèvent de mettre le feu aux poudres. Des manifestations menées par de jeunes blancs privilégiés dont les discours enflammés convenus sont largement moqués. Manifestations que Guy (Luke Grimes), l’adjoint médiocre du shérif ne sait absolument pas gérer, se sentant victime à son tour. Il y a aussi de nombreuses séquences faisant référence au Covid : que ce soit un père qui interdit à son fils de retrouver ses amis dans un parc, une personne âgée qui refuse de mettre un masque pour faire ses courses, ou la fameuse règle des 6 mètres de distance. Elles servent de catalyseur.
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Ari Aster appuie également sur deux autres aspects de la société américaine (et pas que). Il pointe du doigt l’obsession pour les réseaux sociaux et la propension des plus jeunes à tout filmer (vraiment tout). Il cible également le phénomène des fake news que consomme en masse la mère de Louise, Dawn (Deirdre O’Connell), ainsi que celui des faux prophètes qui utilisent YouTube ou Facebook pour attirer des followers. Une figure incarnée par Vernon (Austin Butler) qu’on voit bien trop peu à notre goût.
Pendant les 2h28 que dure le film prévu pour le 16 juillet en salles, la tension se construit, cran après cran. Le spectateur sent qu’il est assis sur une bombe à retardement, mais il n’en a rien à faire ou presque, car pendant ces 2h28, il rit. Beaucoup. Le film d’Ari Aster est très drôle, piquant, frôlant le comique absurde par moments. Mais il n’en oublie pas pour autant d’être aussi sanglant, que les fans du réalisateur se rassurent. En guise de chef d’orchestre de ce pétage de plombs général, un Joaquin Phoenix déchaîné et magistral qui pourrait bien remporter, huit ans après le premier pour A Beautiful Day, un deuxième prix d’interprétation masculine sur la Croisette.
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