Culture

L’auteur de BD Bastien Vivès devant le tribunal pour diffusion d’images pédopornographiques

JUSTICE – Le tribunal de Nanterre se penche ce mardi 27 mai sur les dessins de deux albums de BD de Bastien Vivès, l’auteur français étant accusé par plusieurs associations d’avoir réalisé et diffusé des dessins à caractère pornographique de mineurs.

Jugé jusqu’à mercredi pour « fixation et transmission en vue de la diffusion d’images à caractère pédopornographique », l’auteur de nombreuses bandes dessinées à succès risque gros dans cette affaire. Car ce délit est passible de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

Présent au procès, l’auteur du Goût du chlore ne comparaîtra pas seul dans cette affaire puisque deux éditeurs − les éditions Les Requins Marteaux et Glénat − se retrouvent également sur le banc des accusés pour diffusion de l’image d’un mineur présentant un caractère pornographique. Ces deux éditeurs sont ceux qui ont publié les deux albums incriminés.

« Petit Paul » et « La Décharge mentale »

Dans cette affaire littéraire, tout a débuté en janvier 2023 lorsqu’une enquête est ouverte après le dépôt d’une plainte contre l’auteur de 41 ans par plusieurs associations de protection de l’enfance. Une plainte qui visait alors trois ouvrages de Bastien Vivès, Les Melons de la colère paru en 2011, La Décharge mentale et Petit Paul. Ces deux derniers albums, sortis en 2018, sont désormais les seuls au cœur des débats de la justice.

Il faut aussi rappeler que l’album Petit Paul, qui met en scène un enfant au pénis démesuré ayant des relations sexuelles avec des femmes majeures, avait déjà fait l’objet de deux signalements en 2018 et 2020. Mais ces derniers avaient été classés sans suite par le parquet de Nanterre. Quant à La Décharge mentale, le livre évoque un homme ayant des relations sexuelles avec de jeunes filles mineures.

En 2018, après la parution de Petit Paul, les éditions Glénat avaient affirmé que cet album n’avait « jamais » eu « pour vocation de dédramatiser, favoriser ou légitimer l’abus de mineur de quelque manière que ce soit ». Et dans un entretien avec l’AFP, la directrice de la maison d’édition, Marion Glénat-Corveler, a assuré qu’elle défendrait la liberté d’expression à l’audience, « une des valeurs fondamentales de (son) métier d’éditeur ».

« Aucune incitation et aucune apologie », pour la défense

Dans cette affaire, la défense dément des « représentations de mineurs dans des situations sexuellement explicites, présentant indubitablement un caractère pornographique », alors que c’est ce que reprochent les parties civiles que sont les associations Fondation pour l’enfance, L’enfant bleu, Innocence en danger et Face à l’inceste.

« Il n’y a jamais eu aucune incitation et aucune apologie de la pédophilie par Bastien Vivès dans ses œuvres », assure à l’AFP avant le début de l’audience Me Richard Malka, avocat du dessinateur. Mais pour Me Cécile Astolfe, qui défend l’association, ce procès est pourtant la résultante d’une « stricte application de la loi ». « La représentation d’un mineur de moins de 15 ans présentant un caractère pornographique est interdite », a-t-elle insisté.

À l’audience plusieurs témoins clés sont d’ores et déjà attendus à la barre ce mardi pour la défense. À commencer par l’ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen, en poste lors de la parution des BD dont il sera question devant la cour. Ainsi que le directeur de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, Riss, qui viendra défendre l’auteur français régulièrement critiqué (voire menacé) pour le contenu de ses œuvres. À l’instar des Melons de la colère, vague parodie des Raisins de la colère où plusieurs hommes violent une adolescente paysanne, qui avait suscité de très vives réactions à sa sortie.