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Djibril Cissé : « Si on m’appelle à 60 ans pour jouer en Ligue 1, je serai là »

FOOTBALL – Ce mardi 27 mai Djibril Cissé disputera son jubilé sur la pelouse du stade de l’Abbé-Deschamps (coup d’envoi 21h15, diffusion sur la chaîne L’Équipe) en compagnie de plus de 50 potes qui ont jalonné son parcours.

Une nouvelle manière de rendre hommage au club où tout a commencé pour l’ancien attaquant français qui a placé ce match de gala sous le signe de l’amitié.

So Foot. Quand on organise un jubilé, c’est généralement pour annoncer qu’on ne rechaussera officiellement plus jamais les crampons. Faut-il comprendre que tu as fait une croix sur la barre des 100 buts marqués en Ligue 1 ?

Djibril Cissé. Non, ce ne sera jamais mort et enterré ! Au cours de ma carrière, j’ai fait plein de trucs qui n’allaient pas ensemble : DJ et footballeur, acteur et footballeur… et je m’en suis à chaque fois plutôt bien sorti. Aujourd’hui, j’organise mon jubilé, mais dans ma tête, l’objectif des 100 buts est toujours présent. Mentalement, ça me dérange d’être si près du but et de ne pas pouvoir l’accomplir, parce qu’au total, j’en mets 70 à Auxerre, 24 à Marseille et 2 à Bastia. Ça fait 96. Il m’aurait donc fallu juste quelques mois de plus pour y parvenir…

Pourquoi ce chiffre est-il si important ?

Déjà parce que peu de joueurs l’ont atteint. Je pense à Kevin Gameiro, Mamad’ Niang, Bafé Gomis… Et surtout, peu de joueurs l’ont atteint en si peu de matchs. En fin de compte, je n’ai pas joué si longtemps en France au cours de ma carrière. Si on prend l’exemple d’Alex (Lacazette), il est à 201 buts (toutes compétitions confondues, dont 161 en Ligue 1, NDLR) mais avec cinq ou six saisons complètes de plus que moi.

En tant qu’entraîneur des attaquants de l’AJ Auxerre, tu n’aurais pas pu négocier une petite licence et rentrer pour tirer quatre penaltys une fois que le maintien était acquis ?

Honnêtement, j’y ai pensé. On peut jouer en pro avec une licence amateur, mais… (Il hésite.) Si l’idée ne vient pas du club, c’est compliqué de l’imposer soi-même. En tout cas, j’étais prêt à le faire gratuitement, ce n’est pas une histoire d’argent. Si à 60 ans, un coach m’appelle juste pour que je tire les penaltys, je serai là. Vu l’évolution du football, ce n’est d’ailleurs pas impossible, on imitera peut-être le football américain, où un joueur peut rentrer pour un geste spécifique avant de ressortir.

C’est sûrement ce qui se passera lors de ton jubilé de ce mardi 27 mai à l’Abbé-Deschamps. Raconte-nous la genèse de ce projet.

Tout a commencé alors qu’on regardait le match de gala des Girondins de Bordeaux (organisé il y a un an pour commémorer les 100 ans du Parc Lescure, NDLR) avec Marc Las, le directeur de la rédaction de La Chaîne L’Équipe (où Djibril officie comme consultant depuis 5 ans, NDLR). Il m’a demandé : «  Tiens au fait, tu l’as déjà organisé ton jubilé, toi ?  » J’ai répondu non, et en 10 minutes, on a pris la décision de le faire. La chaîne était emballée pour le diffuser, je me suis chargé de composer le casting, et en fin de compte, il aura fallu moins d’un an pour voir le projet se réaliser. Je le vois comme une forme de remerciement à l’AJA. Quand je suis parti en 2004, hormis un tour d’honneur, je n’ai pas eu le sentiment d’avoir dit au revoir aux gens comme il le fallait. C’est pour ça que j’ai essayé de ramener des noms pas trop mal en guise de cadeau pour le public d’Auxerre, parce que c’est là que tout a commencé, même si mon talent et beaucoup de coachs que j’ai connus ont aussi joué un rôle ensuite.

Qui verra-t-on sur la pelouse ?

Du côté des Légendes de l’AJ Auxerre, d’abord des gars de ma génération : Boumsong, Kapo, Akalé, Tainio, Mexès… Revoir Philippe sur un terrain avec le maillot de l’AJA sur les épaules, c’est déjà une folie pour moi, mais si je me mets à la place des supporters… Il y aura aussi des joueurs plus anciens – Basile Boli, Corentin Martins, Moussa Saïb… – qui ont marqué le club et dont je sais que la présence fera plaisir au public.

Mais évidemment, pas avec les mêmes cannes qu’il y a 20 ou 30 ans.

C’est sûr, ce qui compte, c’est avant tout d’être ensemble ! J’ai eu Tainio au téléphone qui me disait, un peu gêné, qu’il pensait ne pas venir à cause d’une blessure. Je lui ai répondu qu’on s’en fout de la performance. On n’est pas en 2002, les gens ne s’attendent pas à voir les mêmes accélérations que je faisais quand j’avais 20 ans. Que tu veuilles jouer 5 minutes ou une mi-temps, peu importe, l’important, c’est de se retrouver et de faire le show.

En mode Harlem Globe Trotters.

Exactement. Ce sera un match à mon image, un peu fou. Si tu t’attends à deux fois 45 minutes à la fin, tu te trompes. Ce sera un format trois fois 30 minutes, avec concours de reprises de volées, un spectacle de danse et de chant de ma fille et des DJ sets avec Yann Müller, DJ Abdel et sûrement moi au milieu. Sans oublier d’autres surprises qui seront aussi à ma sauce.

Certains fans de foot, plus jeunes, t’identifient avant tout comme un joueur de Marseille. Tu aurais aussi pu organiser ton jubilé au Vélodrome.

Oui, d’autant plus qu’en tant qu’Arlésien, j’ai tendance à être plus marseillais de cœur. Mais je n’ai pas la prétention de remplir le Vélodrome, et un jubilé dans un stade à moitié plein, ce n’est pas beau visuellement, ça fait miskine le gars, personne n’est venu le voir. Et puis comme je l’ai dit, c’est à Auxerre que tout a commencé et que les gens ont découvert qui j’étais, donc la question ne s’est même pas posée.