Politique

La réponse cinglante d’Israël à Macron sur la reconnaissance d’un État palestinien

PALESTINE – Les déclarations d’Emmanuel Macron sur le « devoir moral » et « l’exigence » de reconnaître un État palestinien ne plaisent pas du tout à Israël. En conférence de presse à Singapour ce vendredi 30 mai, le président français a lancé un appel à la communauté internationale, l’invitant à durcir sa position contre l’État hébreu si la situation humanitaire à Gaza ne s’améliorait pas. En réponse, le ministère israélien des Affaires étrangères l’a accusé d’être en « croisade contre l’État juif ».

« Il n’y a pas de blocus humanitaire, c’est un mensonge flagrant », a-t-il écrit dans un communiqué paru ce vendredi, alors que l’ONU a lancé l’alerte plusieurs fois face aux « millions de personnes » en train de « mourir de faim » dans l’enclave palestinienne. Dans son texte, le ministère israélien des Affaires étrangères assure qu’« au lieu de faire pression sur les terroristes djihadistes, Macron veut les récompenser en leur donnant un État palestinien ».

Le locataire de l’Élysée a pourtant posé comme condition à la reconnaissance de l’État palestinien la « démilitarisation » du Hamas et sa « non-participation » à la gouvernance. Pas de quoi calmer la diplomatie israélienne qui va jusqu’à écrire dans son communiqué qu’« il ne fait aucun doute que [la] fête nationale » d’Emmanuel Macron « sera le 7 octobre », date à laquelle le mouvement islamiste palestinien a mené son attaque sans précédent en Israël.

Israël redit son souhait de « construire un État juif » en Cisjordanie

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a aussi été pris pour cible après avoir déclaré dans une vidéo sur les réseaux sociaux qu’Israël mettait en danger le « cadre politique » permettant la paix dans la région. Dans un message sur X, le président du Parlement israélien, Amir Ohana, s’est adressé directement à lui, l’accusant d’être « du mauvais côté de l’histoire » et assurant que reconnaître l’État palestinien « reviendrait à récompenser le Hamas pour [le] 7 octobre ».

Défiant ouvertement la France et la communauté internationale, le gouvernement israélien a même réaffirmé ce vendredi son projet majeur d’expansion de la colonisation juive en Cisjordanie. Le secrétaire général de l’ONU avait pourtant invité Tel Aviv à « cesser toutes [ses] activités de colonisation » les qualifiant d’« illégales » et d’« obstacles à la paix ». Les Nations Unies doivent accueillir une conférence sur une solution à deux États, coprésidée par Paris et à laquelle Emmanuel Macron participera le 18 juin.

Mais le gouvernement israélien annonce d’ores et déjà qu’il ignorera toute reconnaissance de l’État palestinien, comme en témoigne un communiqué du ministre de la Défense, Israël Katz, envoyé depuis l’avant-poste de colonisation de Sa-Nur, dans le nord de la Cisjordanie. « Aujourd’hui nous revenons ici avec la décision de rétablir le communiqué, a-t-il déclaré, c’est […] un message clair à Macron et à ses amis : ils reconnaîtront un État palestinien sur le papier, et nous construirons ici l’État juif sur le terrain. »

« Le papier sera jeté à la poubelle de l’histoire et l’État d’Israël prospérera et fleurira », a-t-il ajouté. Toutes ces attaques n’ont pas conduit le président français à rétropédaler. Dans un discours lors d’un déplacement à Singapour ce vendredi, il a martelé que si les Occidentaux « abandonnent Gaza » et « laissent faire Israël », ils risquent de « perdre toute crédibilité à l’égard du reste du monde ». « C’est pourquoi nous rejetons le deux poids deux mesures », a-t-il insisté, assurant que cela s’appliquait aussi au conflit en Ukraine.